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Si me, Marce[1], tuis vatibus inseris,
Sublimi feriam sidéra verrice.

(Hor., lib. I, od. i, v. 35.)

Mme  du Châtelet vous fait mille compliments ; vous connaissez mon tendre et respectueux attachement.


1296. — À M. VAN DUREN.
Le 19 juin.

J’ai reçu, monsieur, votre lettre du 12, et vous avez dû recevoir deux paquets contenant plusieurs chapitres de suite de l’Anti-Machiavel, jusqu’au dix-huitième.

Voici aujourd’hui les xixe, xxe et xxie. Il n’y en a que vingt-six ; ainsi vous ne devez pas perdre de temps.

Faites vos efforts, je vous prie, pour trouver un Machiavel d’Amelot de La Houssaie. Si vous n’en trouvez pas, envoyez-moi l’italien imprimé à côté de la réfutation. C’est un livre fait pour être éternellement lu par tous les politiques et par tous les ministres. Ils entendent tous l’italien, et, de plus, cet assemblage des deux langues sera quelque chose de nouveau en fait de littérature. Le Machiavel a été imprimé en trois volumes, peut-être même chez vous ; vous pouvez aisément en détacher le Prince. Mandez-moi à quoi vous vous résolvez, afin que j’y conforme la Préface dont on m’a fait l’honneur de me charger. Du reste, gardez-moi le secret comme je le garde à l’illustre auteur de cet ouvrage.

Voltaire.

1297. — À M. DE MAUPERTUIS.
À Bruxelles, le 22 juin.

Les grands hommes sont mes rois, monsieur, mais la converse n’a pas lieu ici ; les rois ne sont pas mes grands hommes. Une tête a beau être couronnée, je ne fais cas que de celles qui pensent comme la vôtre, et c’est votre estime et votre amitié, non la faveur des souverains, que j’ambitionne. Il n’y a que le roi de Prusse que je mets de niveau avec vous, parce que c’est de tous les rois le moins roi et le plus homme. Il est bienfaisant et éclairé, plein de grands talents et de grandes vertus ; il m’étonnera et m’affligera sensiblement s’il se dément jamais. Il ne lui manque

  1. Marc était le prénom du comte d’Argenson, et non du marquis, son frère aîné.