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1308. — À MADAME DE CHAMPBONIN.
De Bruxelles, …juin[1].

Si je n’espérais pas vous revoir encore à Cirey, je serais inconsolable. J’ignore à présent dans quelle gouttière vous portez votre bon cœur et vos pattes de velours. Êtes-vous toujours à Champbonin ? à la Neuville ? Nous nous sommes vus comme un éclair. Tout passe bien vite dans ce monde, mais rien n’a passé si rapidement que notre entrevue. Nous vivons à Bruxelles comme à Cirey. Nous voyons peu de monde, nous éludions le jour, nous soupons gaiement ; nous prenons notre café au lait le lendemain d’un bon souper. Je suis malade quelquefois, mais très-content de mon sort, et ne trouvant que vous qui me manque. Que cette lettre et ces mêmes sentiments soient aussi pour monsieur votre fils, à qui je fais mille tendres compliments. Adieu, gros chat ; je baise vos pattes.


1309. — À M. DE MAUPERTUIS.
Bruxelle, le 1er juillet.

Le roi de Prusse me mande[2] qu’il a fait acquisition de vous, monsieur, et de MM. Wolff et Euler. Cela veut-il dire que vous allez à Berlin, ou que vous dirigerez, de Paris, les travaux académiques de la société que le plus aimable de tous les rois, le plus digne du trône, et le plus digne de vous, veut établir ? Je vous prie de me mander quelles sont vos idées, et de croire que vous ne pouvez les communiquer à un homme qui soit plus votre admirateur et votre ami. Ayez la bonté aussi de me répondre sur les articles de ma dernière lettre[3]. Le roi de Prusse voudrait aussi avoir M. S’Gravesande. Je crois qu’il fera cette conquête plus aisément que la vôtre[4].

M. de Camas, adjudant général du roi de Prusse, et homme plus instruit qu’un adjudant ne l’est d’ordinaire, vient à Paris voir le roi et vous. Je m’imagine qu’il vous enlèvera s’il peut ;

  1. Cette lettre est placée dans Beuchot au mois d’octobre 1742.
  2. Lettre 1303.
  3. Lettre 1306.
  4. Maupertuis accepta les offres de Frédéric, et S’Gravesande les refusa. Voyez les lettres 1320 et 1327.