Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/505

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Outre cette lettre de monsieur votre frère, je serais d’avis que vous lui en écrivissiez une autre, par laquelle vous lui diriez qu’ayant bien voulu avoir l’œil sur mes affaires, dont monsieur votre frère est chargé, et sachant que j’ai eu le malheur d’essuyer plusieurs banqueroutes, vous le priez de me donner une autre délégation. Au reste, s’il ne le fait pas, on pourra l’y contraindre, car c’est se moquer que de donner en délégation les mêmes rentes et les mêmes maisons à deux personnes, et c’est, en bon français, un stellionat.

Je vous prie d’envoyer aussi à la direction des affaires de M. de Goesbriant, dont nous n’avons aucune nouvelle.

Je vous prie de garder un profond secret sur ce que vous avez à moi, et sur mes affaires.

Je ne sais ce que c’est que ces bijoux que Mme  du Châtelet vous a envoyés. Elle m’en a fait mystère : mandez-moi ce que c’est.

Son estampe doit être pour un in-octavo ; ainsi il ne la faut guère plus grande que la mienne.

Je songe que vous pourriez encore très-bien montrer à M. le président de Nicolaï mon autre lettre où je fais le mauvais plaisant sur la banqueroute de Michel. Cela mettrait M. de Nicolaï de bonne humeur. Vous êtes le maître de tout.

Je vous embrasse bien tendrement. Bonsoir.


1330. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
(18 auguste 1740.)
À Bruxelles (plus une syllabe illisible).

Mon cher abbé, je vous parlais du temporel dans ma dernière lettre. Celle-ci sera pour le spirituel.

En premier lieu, il s’agirait de presser le ou la libraire d’imprimer cette Philosophie.

En second lieu, voici un secret que je vous confie. Mme  de Chambonin doit vous envoyer, de ma part, un paquet qui sera bientôt suivi d’un autre. Le tout est un manuscrit singulier, composé par un homme plus singulier encore. On ne pourra point avoir de privilège pour ma Philosophie, il n’en faut pas demander ; mais on en obtiendra aisément pour ce nouveau manuscrit en question. C’est, comme vous le verrez, la réfutation de Machiavel ; elle est d’un homme qui tient un des plus grands

  1. Édition Courtat.