Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/510

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Passera-t-il par Bruxelles ? on parie pour et contre. S’il y passe, dit Mme la princesse de La Tour, il logera dans ma maison. Oh ! pour cela non, madame la princesse ; Sa Majesté ne logera point chez Votre Altesse sérénissime ; et, s’il vient à Bruxelles, il y sera très-incognito ; il logera, lui et sa suite aimable, chez Émilie. C’est la dernière maison de la ville, loin du peuple et des Altesses bruxelloises ; et il y sera tout aussi bien que chez vous, quoique cette maison de louage ne soit pas si bien meublée que la vôtre. Voilà ce que je pense. Mais que fait la princesse de La Tour ? De la campagne où elle est elle envoie tout courant savoir de Mme du Châtelet si Sa Majesté passera ; et Mme du Châtelet répond qu’il n’y a pas un mot de vrai, et que tout ce qu’on dit est un conte. Ne voilà-t-il pas Mme de La Tour qui, sur-le-champ, envoie des courriers pour savoir la vérité du fait ! Sire, le monde est bien curieux. Il n’y aurait qu’à faire mettre dans les gazettes que Votre Majesté va à Aix-la-Chapelle ou à Spa pour dépayser les nouvellistes.

Cependant, s’il était vrai que Votre Humanité passât par Bruxelles, je la supplie de faire apporter des gouttes d’Angleterre, car je m’évanouirai de plaisir.

M. de Maupertuis est à Wesel pour vous observer et vous mesurer. Il n’a vu ni ne verra jamais d’étoile d’une si heureuse influence.

L’affaire de l’Anti-Machiavel est en très-bon train, pour l’instruction et le bonheur du monde. Sire, vos sujets sont heureux, et ils le disent bien, mais je serai plus heureux qu’eux tous au commencement de septembre.

Je suis avec le plus profond respect et cent autres sentiments inexprimables, etc.


1335. — À M. THIERIOT[1].
22 août.

La bibliothèque hébraïque et chaldéenne que vous m’avez envoyée sous le nom de M. Dumolard est actuellement à Louvain : c’est un homme qui me paraît fait pour les Français modernes tout aussi bien que pour les Massorètes. Le roi de Prusse ne ferait pas là une mauvaise acquisition : il mérite de n’avoir que de tels hommes à son service.

Maupertuis s’est un peu trop pressé ; il aura le temps de lever

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.