Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/516

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de vous embrasser. Faites bien mes excuses à la marquise de ce que je ne puis avoir la satisfaction de la voir à Bruxelles. Tous ceux qui m’approchent connaissent l’intention dans laquelle j’étais, et il n’y avait certainement que la fièvre qui pût me la faire changer.

Je serai dimanche[1]1 à un petit endroit[2] proche de Clèves, où je pourrai vous posséder véritablement à mon aise. Si votre vue ne me guérit, je me confesse tout de suite.

Adieu ; vous connaissez mes sentiments et mon cœur.

Fédéric.
1343. — À M. LE MARÉCHAL DE SCHULENBOURG[3],
général des vénitiens.
À la Haye, le 15 septembre 1740.

Monsieur, j’ai reçu par un courrier de monsieur l’ambassadeur de France le journal de vos campagnes de 1703 et 1704, dont Votre Excellence a bien voulu m’honorer. Je dirai de vous comme de César : Eodem animo scripsit quo hellarit. Vous devez vous attendre, monsieur, qu’un tel bienfait me rendra très-intéressé, et attirera de nouvelles demandes. Je vous supplie de me communiquer tout ce qui pourra m’instruire sur les autres événements de la guerre de Charles XII. J’ai l’honneur de vous envoyer le journal des campagnes de ce roi[4], digne de vous avoir combattu. Ce journal va jusqu’à la bataille de Pultava inclusivement ; il est d’un officier suédois, nommé M. Adlerfelt : l’auteur me paraît très-instruit et aussi exact qu’on peut l’être ; ce n’est pas

  1. Le 11 septembre.
  2. Le château de Moyland. Voltaire, dans ses Mémoires, donne à cet endroit le nom de château de Meuse. Il y arriva le 11 septembre, ainsi que Frédéric, qui repartit le 14 pour Potsdam.
  3. Cette lettre a été imprimée en 1750 à la fin du volume intitulé Oreste, tragédie, et qui contenait diverses autres pièces. C’était immédiatement après les chapitres ii et iii Sur les Mensonges imprimés (voyez tome XXIII. page 438) que se trouvait la lettre à Schulenbourg ; elle était précédée de l’Avertissement que voici :

    « On a cru, à la suite de ces discussions, pouvoir placer une lettre écrite il y a plusieurs années à M. le maréchal de Schulenbourg. On verra par cette lettre

    quelles peines il faut prendre pour démêler la vérité, avec quelle constance il la faut chercher, se corriger quand on s’est trompé, se défendre quand on a raison, mépriser les mauvaises critiques, et demander toujours de bons conseils aux seuls hommes qui peuvent en donner. » (B.)

    — Jean-Mathias, comte de Schulenbourg, né à Cendan, près de Magdebourg, le 8 août 1661, est mort à Vérone le 14 mars 1747.

  4. Histoire militaire de Charles XII, par G. Adlerfelt, 1740, quatre volumes in-12.