Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/559

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Il n’y a que mes ennemis qui puissent dire que je me porte bien ; je suis tout comme à l’ordinaire : malade, ambulant, poëte, philosopbe, et toujours votre véritable ami.

Votre pension n’est pas mauvaise. Vale.

P. S. Je vous prie de voir M. Gresset ; s’il savait comme j’ai parlé de lui au roi, il m’aimerait un peu. J’espère qu’il sera un des ornements de la cour de Berlin. Il s’apercevra que je connais l’estime pour les talents, et non la jalousie.

Vous savez que Sa Majesté a offert douze mille livres de pension à M. de Maupertuis pour le retenir, et qu’il donne à chaque académicien huit mille livres.

Il fait bâtir un palais, une salle pour les académies, une salle d’opéra, une de comédie ; il engage des artistes de toute espèce, et il a cent mille soldats bien nourris, bien payés et bien vêtus. Vale.

Que les blancs-becs de Paris disent ce qu’ils voudront ; mille compliments au sage Hollandais.


1380. — À M. LE CARDINAL DE FLEURY.
À Berlin, le 26 de novembre.

J’ai reçu, monseigneur, votre lettre du 14, que M. le marquis de Beauvau m’a remise. J’ai obéi aux ordres que Votre Éminence ne m’a point donnés ; j’ai montré votre lettre au roi de Prusse. Il est d’autant plus sensible à vos éloges qu’il les mérite, et il me paraît qu’il se dispose à mériter ceux de toutes les nations de l’Europe. Il est à souhaiter pour leur bonheur, ou, du moins, pour celui d’une grande partie, que le roi de France et le roi de Prusse soient amis. C’est votre affaire : la mienne est de faire des vœux, et de vous être toujours dévoué avec le plus profond respect.


1381 — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Berlin, ce 28 novembre.

Puisque Votre Humanitè aime la petite écriture[1] :

Ô champs vestphaliens, faut-il vous traverser ?
Destin, où m’allez-vous réduire ?

  1. Voltaire, dans sa jeunesse, avait une écriture nette et fort lisible, quoique très-menue. On en trouve un fac-similé à la fin de la Henriade réimprimée suivant l’édition de 1728, par M. Paul Renouard, en 1826.