Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/175

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copie. Je serai charmé, monsieur, de vous l’envoyer, si vous le trouvez bon. Mais n’ayant plus ici l’édition de Genève de mes œuvres, je ne pourrai vous la faire tenir que quand je serai de retour à Paris. Je vous demande bien pardon de ce contre-temps. Je n’ai jamais reçu ni le Wotton ni le Pancirole[1]dont vous me parlez. Mais j’ai enfin trouvé un Pancirole à Amsterdam ; c’est un livre qui ne méritait pas la peine que je me suis donnée de le chercher. Au reste, monsieur, le seul mémoire détaillé que j’aie à donner au libraire dont vous voulez bien me parler, c’est qu’il imprime correctement et Mahomet et mes autres ouvrages.

Je voudrais bien être, monsieur, à portée de vous remercier à Londres de vive voix, et de jouir d’un entretien où je trouverais l’agréable et l’utile. Je vous prie de vouloir bien recommander aux libraires qui vendent l’Histoire universelle d’envoyer les feuilles depuis la captivité de Babylone jusqu’à la dernière à M. Van Cleve, banquier à Bruxelles, qui en payera le prix. Je suis dans un pays où on ne parle que de cavalerie et de fourrages. Tout cela est bien peu philosophe ; un homme sage et instruit est fort au-dessus de cinquante mille fous enrégimentés : aussi vous préféré-je à eux. Comptez, monsieur, sur mon véritable attachement.


1541. — À M. LE CARDINAL DE FLEURY.
Bruxelles, le 20 octobre.

Monseigneur, malgré la honte où l’on doit être de parler de petites choses à Votre Éminence, sa bonté semble m’autoriser à la supplier instamment de vouloir bien que M. de Marville se charge de découvrir les éditeurs de Mahomet[2], qui ont imprimé cet ouvrage malgré toutes les précautions qu’on avait prises pour le dérober au public. Daignez ajouter cette grâce, monseigneur, à tant d’autres bontés. Je suis avec la plus respectueuse reconnaissance, etc.

Voltaire.
  1. Wotton, philologue et critique, né en 1666, mort en 1726, auteur de travaux sur les Scribes et les Pharisiens, d’une Histoire de Rome, etc. — Panciroli, né en 1523, mort en 1599, auteur de nombreux ouvrages de droit recueillis sous le titre de Tractatus universi juris, 1584.
  2. Il s’agissait d’une édition subreptice de cette tragédie ; et voici ce qu’en disait Mme du Châtelet à d’Argental, dans une lettre du 21 septembre 1742 :

    « Il y a plus d’un mois qu’on dit Mahomet imprimé à Meaux ; M. de Voltaire ne connaît pas un chat à Meaux, et il serait outré que Mahomet fût imprimé en quelque lieu du monde que ce fût. »