Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/291

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combat pour sa maîtresse, qui la gagne à la pointe de l’épée, qui a de l’esprit, et qui berne les Morillo. Si vous êtes content, voulez-vous envoyer ce premier acte à Rameau ? Il sera bon qu’il le lise, afin que sa musique soit convenable aux paroles et aux situations ; et, surtout, qu’il évite les longueurs dans la musique de ce premier acte, parce que ces longueurs, jointes aux miennes, feraient ce premier acte éternel. J’attends vos ordres sur le divertissement du second acte que je vous ai envoyé, il y a huit jours. Mme du Châtelet vous fait ses plus tendres compliments. C’est à vous et à messieurs les généraux à me fournir à présent le prologue. Adieu, monseigneur revenez brillant de gloire et de santé. J’attendrai avec bien de l’impatience le plaisir de vous dire ce que je vous dis depuis près de trente ans, que je vous suis dévoué avec le plus tendre respect ; j’y ajoute la plus vive reconnaissance.


1646. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Cirey en Félicité, ce 28 avril.

Je vous envoie, mes anges tutélaires, un énorme paquet, par la voie de M. de La Reynière[1]. Dans ce paquet vous trouverez le premier acte et le premier divertissement[2] qui doit faire bâiller le dauphin et madame la dauphine, mais qui pourra vous amuser, car il plaît à Mme du Châtelet, et vous êtes dignes de penser comme elle. Quand vous aurez tant fait que de lire ce premier acte, je vous prie de le cacheter, avec la lettre ci-jointe, pour M. le duc de Richelieu, et de faire mettre le tout à la poste ; mais la prière la plus essentielle que je vous fais, c’est de me faire des critiques. Vous pensez bien que j’en garde un exemplaire par devers moi, ainsi vous n’aurez seulement qu’à marquer sur un petit papier ce que vous désapprouverez. Il se pourra bien faire que vous receviez aussi, par la même poste, le divertissement du second acte on le copie actuellement, et il y a apparence que vous aurez encore ce petit fardeau.

J’ai mis aussi dans le paquet un cinquième acte de Pandore, avec une lettre pour l’abbé de Voisenon, qui demeure rue Culture ou Couture-Sainte-Catherine ; et je vous demande les mêmes bontés pour ce paquet que pour celui qui destiné à M. le duc de

  1. Voyez la lettre 1594.
  2. Le premier divertissement, et celui du second acte, n’ont pas été conservés. Un seul divertissement se trouve à la fin du troisième et dernier acte.