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By the god the friendship ! if you was to stay one month longer in Flanders, I would post away from Paris to see you ; for I will be all my life your faithful and tender friend, the sick

Voltaire[1].

1772. — À M. LE DUC DE RICHELIEU[2].
Octobre.

Je n’ai pas osé troubler mon héros ; il faut le chanter, et ne le pas importuner. S’il part[3], on lui prépare des lauriers ; s’il ne part point, on lui prépare des plaisirs. Il est toujours sûr d’avoir des Anglaises ou des Françaises à son service, et, quelque chose qui arrive, il aura l’honneur d’avoir entrepris l’expédi-

  1. Traduction : Mon cher et honorable ami, comment pouvais-je deviner que votre musulmane personne eut quitté Galata pour la Flandre, et fut passée du sérail au cabinet du duc de Cumberland ? Mais à présent je conçois qu’il est plus agréable de vivre avec un pareil prince que de parler en cérémonie à un grand-vizir, à l’aide d’un interprète.

    Si j’avais pensé que ce fut mon cher M. Éverard qui fut secrétaire de ce grand prince, j’eusse certainement fait un voyage en Flandre. Mon devoir est de visiter les lieux où votre nation a donné de si belles preuves de son grand courage. Un historien doit voir et bien connaître le théâtre, pour mieux disposer les diverses scènes du drame. Ce motif aurait suffi pour demander la permission de me rendre auprès de vous ; mais est-il une raison plus forte, un motif plus puissant, que mon amitié pour vous ? Qui serait assez cruel pour me priver du plaisir d’embrasser encore mon cher ami ? Vous m’auriez procuré l’honneur de voir votre noble et royal et maître, et d’approcher de ce grand prince, que j’admire de loin. J’en aurais appris bien plus en deux ou trois conversations avec vous que par des lettres. Je sais combien vous êtes paresseux à écrire, mais je vous conjure, mon cher monsieur, au nom de notre vieille amitié, de n’être plus si négligent. Un secrétaire doit être habitué à écrire, et celui qui transmet nos lettres sait très-bien que nous ne parlons pas politique.

    Votre bonté pour moi, votre amour du bien public, votre zèle pour la gloire de votre prince, vous engagent a me communiquer les instructions que je vous demande.

    Je vous envoie la neuvième édition du poëme dont vous me parlez ; mais ce n’est qu’un poëme. J’ai suivi les lois de la poésie, plutôt que celles de l’histoire. Cependant vous verrez avec quel respect j’ai parlé du duc de Cumberland, et quels justes éloges j’ai donnés à votre généreuse nation. Aidez-moi à leur rendre encore plus de justice à tous deux.

    Je vous prie de m’envoyer le London Maqazine de ces trois dernières années. Vous pourrez facilement vous le procurer en écrivant à Londres. Faites-moi le plaisir, je vous prie, d’adresser le paquet chez M. de Séchelles, qui ne manquera pas de me l’envoyer.

    Par le dieu de l’amité ! si vous deviez rester encore un mois en Flandre, je partirais en poste de Paris pour vous voir : car je serai toute ma vie votre fidèle et tendre ami, le malade

    Voltaire.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Pour soutenir le Prétendant.