Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/446

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plus, pour les Observateurs, que de trouver un libraire accommodant et honnête homme, ce qui est plus difficile que de faire un bon journal. Qu’ils se conduisent avec prudence, et tout ira bien. Je vous attends à deux heures et demie.


1814. — À M. DE VAUVENARGUES.
Versailles, 13 mai.

J’ai usé, mon très-aimable philosophe, de la permission que vous m’avez donnée. J’ai crayonné un des meilleurs livres[1] que nous ayons en notre langue, après l’avoir relu avec un extrême recueillement. J’y ai admiré de nouveau cette belle âme si sublime, si éloquente, et si vraie, cette foule d’idées neuves ou rendues d’une manière si hardie, si précise, ces coups de pinceau si fiers et si tendres. Il ne tient qu’à vous de séparer cette profusion de diamants de quelques pierres fausses ou enchâssées d’une manière étrangère à notre langue. Il faut que ce livre soit excellent d’un bout à l’autre. Je vous conjure de faire cet honneur à notre nation et à vous-même, et de rendre ce service à l’esprit humain. Je me garde bien d’insister sur mes critiques ; je les soumets à votre raison, à votre goût, et j’exclus l’amour-propre de notre tribunal. J’ai la plus grande impatience de vous embrasser. Je vous supplie de dire à notre ami Marmontel qu’il m’envoie sur-le-champ ce qu’il sait bien. Il n’a qu’à l’adresser, par la poste, chez M. d’Argenson, ministre des affaires étrangères, à Versailles. Il faut deux enveloppes, la première à moi, la dernière à M. d’Argenson.

Adieu, belle âme et beau génie.


1815. — À M. DE VAUVENARGUES.
Ce samedi au soir, 14 mai.

J’ai apporté à Paris, monsieur, la lettre que je vous avais écrite à Versailles. Elle ne vous en sera que plus tôt rendue. J’y ajoute que la reine veut vous lire, qu’elle en a l’empressement que vous devez inspirer, et que, si vous avez un exemplaire que vous vouliez bien m’envoyer, il lui sera rendu demain matin de votre part. Je ne doute pas qu’ayant lu l’ouvrage elle n’ait autant d’envie de connaître l’auteur que j’en ai d’être honoré de son amitié.

  1. L’Introduction à la connaissancede l’esprit humain, ouvrage cité plus haut.