Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/500

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Vous avez retrouvé à Dresde ce que vous avez quitté à Versailles, un roi aimé de ses sujets.


Vous pourrez dire quelque jour
Qui des deux rois tient mieux sa cour ;
Quel est le plus doux, le plus juste,
Et qui fait naître plus d’amour
Ou de Louis Quinze ou d’Auguste
C’est un grand point très-contesté.
Ce problème pourrait confondre
La plus fine sagacité ;
Et je donne à votre équité
Dix ans entiers pour me répondre.

Rien ne prouve mieux combien il est difficile de savoir au juste la vérité dans ce monde ; et puis, monsieur, les personnes qui la savent le mieux sont toujours celles qui la disent le moins. Par exemple, ceux qui ont l’honneur d’approcher des trois princesses[1] que la reine de Pologne a données à la France, a Naples, et à Munich, pourront-ils jamais dire laquelle des trois nations est la plus heureuse ?


Que même on demande à la reine
Quel plus beau présent elle a fait,
Et quel fut son plus grand bienfait,
OR la rendra fort incertaine.
Mais si de moi l’on veut savoir
Qui des trois peuples doit avoir
La plus tendre reconnaissance,
Et nourrir le plus doux espoir,
Ne croyez pas que je balance.

En voyant monseigneur le dauphin avec madame la dauphine, je me souviens de Psyché, et je songe que Psyché avait deux sœurs.


Chacune des deux était belle,
Tenait une brillante cour,
Eut un mari jeune et fidèle ;
Psyché seule épousa l’Amour.

  1. Marie-Josèphe de Saxe. — Marie-Amélie, née en 1724, mariée en juin 1738 à don Carlos, roi des Deux-Siciles jusqu’en 1759, époque où ce prince commença a régner en Espagne. — Marie-Anne, mariée le 13 juin 1747 à Maximilien-Joseph, électeur de Bavière.