Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/529

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Sémiramis. J’ai tout lieu de craindre l’abus que l’on veut faire des copies informes répandues dans Paris. Je vous demande plus que jamais dans cette occasion votre protection pour les belles-lettres et pour moi.

J’ai l’honneur d’être, avec la plus vive reconnaissance, monsieur, etc.


1908. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Châlons, ce 12 septembre.

Je ne peux vous écrire de ma main, mes divins anges ; j’ai la fièvre bien serré à Châlons je ne sais plus quand je pourrai partir.

On s’est bien plus pressé, ce me semble, de lire Catilina que de le faire ; mais faudra-t-il que mon ami Marmontel pâtisse de mon impatience, et qu’on ne reprenne pas son pauvre Denis, dont il a besoin ? Ce serait une extrême injustice, et mes anges ne le souffriront pas. Prault n’est-il pas venu la gueule enfarinée ? N’a-t-il pas bien envie d’imprimer Sémiramis ? Mais ne faut-il pas tenir le bec de Prault dans l’eau, afin de prévenir les éditions subreptices dont on me menace continuellement ?

Joue-t-on Sémiramis les mercredis et les samedis seulement, dans l’effroyable disette de monde où l’on est à Paris ? La laisse-t-on aller jusqu’à Fontainebleau ?

Au reste, vous parlez de Zadig comme si j’y avais part mais pourquoi moi ? Pourquoi me nomme-t-on ? Je ne veux avoir rien à démêler avec les romans.

J’ai bien l’air d’être ici malade quelques jours. Vous veillez sur moi, mes anges, de loin comme de près. Je vais mettre un V au bas de cette lettre ; c’est tout ce que je puis faire, car je n’en peux plus. V.


1909. — DU COMTE D’ARGENTAL AU LIEUTENANT GÉNÉRAL
de police[1].
À Paris, ce mercredi 27 septembre 1748.

Je me suis présenté hier à votre porte, monsieur ; je n’ai pas eu le bonheur de vous trouver, et, comme on m’a assuré que vous ne seriez pas visible aujourd’hui de toute la journée, et que l’affaire dont je voulais avoir l’honneur de vous parler peut presser, j’ai cru que vous ne trouveriez pas mau-

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.