Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/531

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remise par un de mes commis, à qui les comédiens italiens l’avaient laissée. Vous ne devez pas douter, monsieur, que, dans cette occasion qui regarde M. de Voltaire, dont les talents méritent toutes sortes d’égards, je n’en agisse avec toute la circonspection possible. Aussi je ne ferai rien à cet égard sans en avoir rendu compte à M. de Maurepas ; mais, ce qui dépend de moi et ce que je ferai certainement, c’est d’examiner avec la plus scrupuleuse attention cet ouvrage, quel qu’il soit, pour qu’au cas qu’on tolère une parodie, on y garde au moins les égards qui sont légitimement dus à M. de Voltaire. L’intérêt même que vous y prenez, monsieur, sera un nouveau motif pour ne rien laisser passer qui puisse blesser l’illustre auteur de Sémiramis ; et, pour vous le prouver, il n’y aura rien de fait sur cela que je n’aie l’honneur d’en conférer avec vous, c’est tout ce que je puis en cette occasion, où je ne recevrais pas des ordres supérieurs pour empêcher la représentation de la pièce dont il est question. Je vous connais trop juste pour ne pas approuver mes raisons, et pour douter un instant de l’attachement sincère et respectueux avec lequel je suis, etc.


1911. — À M. DE LA MONTAGNE[1].
À Lunéville, ce 30 septembre 1748.

J’ai lu, monsieur, avec un très-grand plaisir votre épître. Il est bien rare d’avoir en province un goût aussi formé que le vôtre. Vous êtes fait pour la capitale : il faut que les talents s’y rendent. Mais je vous avoue que je serai bien fâché de n’y pas être quand vous y serez, et que je quitte avec plaisir la ville où je vous exhorte d’aller. La cour du roi de Pologne, où je passe une de l’année, est un séjour encore plus enchanteur que Paris même. En quelque endroit que je sois, je serais fort aise de rencontrer un homme qui pense et qui écrit comme vous.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Voltaire.

À M. de La Montagne, à Langon en Guyenne[2].


1912. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL.
À la Malgrange[3], le 4 octobre.

J’ai senti, madame mon ange, ce que c’est que la jalousie. J’ai trouvé un M. de Verdun, qui m’a dit, du premier bond : « J’ai

  1. Éditeur, Henri Beaune.
  2. Étienne de La Montagne, médecin, naquit à Langon et mourut à Bordeaux en 1769. Son fils, le baron Pierre de La Montagne, publia des Poésies diverses, imprimées à Paris, 1789, in-12. (H. B.)
  3. Château de plaisance du roi Stanislas, à trois quarts de lieue de Nancy.