Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/567

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Pendant que cet aimable don
De mon Frédéric-Apollon
À Cirey se faisait attendre.

On revient toujours à ses goûts vous faites des vers quand vous n’avez plus de batailles à donner. Je croyais que vous vous étiez mis tout entier à la prose ;


Mais il faut que votre génie,
Que rien n’a jamais limité,
S’élance avec rapidité
Du haut du mont inhabité
Où bâille la Philosophie,
Jusqu’aux lieux pleins de volupté
Où folâtre la Poésie.

Vous donnez sur les oreilles aux Autrichiens et aux Saxons, vous donnez la paix dans Dresde, vous approfondissez la métaphysique, vous écrivez les Mémoires[1] d’un siècle dont vous êtes le premier homme ; enfin, vous faites des vers, et vous en faites plus que moi, qui n’en peux plus, et qui laisse là le métier.

Je n’ai point encore vu ceux dont Votre Majesté a régalé M. de Maurepas ; mais j’en avais déjà vu quelques-uns de l’Épître à votre présidents[2] des x x et des beaux-arts.


Le neveu de Duguai-Trouin,
Demi-homme et demi-marsouin,


avait déjà fait fortune. Nos connaisseurs disent : Voilà qui est du bon ton, du ton de la bonne compagnie, car, sire, vous seriez cent fois plus héros, nos beaux esprits, nos belles dames, vous sauront gré surtout d’être du bon ton. Alexandre, sans cela, n’aurait pas réussi dans Athènes, ni Votre Majesté dans Paris.

L’Épître sur la Vanité et sur l’Intérêt[3] m’a fait encore plus de plaisir que ce bon ton et que la légèreté des grâces d’une épître familière. Le portrait de l’insulaire,


Qui de son cabinet pense agiter la terre,
De ses propres sujets habile séducteur,
Des princes et des rois dangereux corrupteur, etc.,

  1. Voyez la note 2 de la page 560.
  2. Maupertuis.
  3. Dans les Œuvres de Frédéric il n’y a point d’épître sur la Vanité, mais sur la Gloire et l’Intérêt.