Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/86

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courage de faire son inscription il disait modestement de lui-même

Je rassemble en moi Perse, Horace, et Juvénal[1].


mais c’est que Boileau n’était pas philosophe. J’ose vous prier d’ajouter à vos bontés celle de vouloir bien faire ma cour à Mme la duchesse d’Aiguillon. Quand vous la ferez graver, tout le monde se battra à qui fera l’inscription.


1459. — À M. CÉSAR DE MISSY[2],
chez m. nicolson, à londres.
À Bruxelles, ce 18 juillet 1741.

Monsieur, vous m’accuserez sans doute du péché de paresse ; mais il ne faut que me plaindre d’une santé déplorable qui m’a obligé de prendre des eaux, et qui m’a fait interrompre tout commerce pendant quelque temps. Croyez, monsieur, que je ressens comme une de mes plus grandes incommodités le déplaisir de répondre si tard à l’honneur que vous m’avez fait.

En qualité de citoyen du monde, je prends beaucoup d’intérêt aux maximes de l’Anti-Machiavel ; mais elles sont si peu suivies, et je vois la pratique si peu d’accord avec la théorie que j’ai entièrement abandonné cet ouvrage. Je l’avais publié dans la vaine espérance qu’il produirait quelque bien il n’a produit que de l’argent à des libraires.

Vous me demandez, monsieur, s’il s’agit d’Innocent II ou d’Innocent XI ; c’est sans doute d’Innocent XI, qui était un homme d’un très-grand mérite, et qui me semble avoir très-grande raison dans ses démêlés avec Louis XIV.

Puisque vous voyez M. de Nancy, je vous prie de vouloir bien l’assurer de mon amitié. Je lui rendrai toujours tous les services qui dépendront de moi.

Me permettrez-vous de m’adresser à vous, monsieur, pour savoir comment je pourrais faire venir le Nova reperta et Antiqua deperdita[3], imprimé depuis peu, me semble, à Londres, avec des notes ? Je voudrais aussi la réponse de Wotton à Temple sur la

  1. Ce vers termine un quatrain composé par Boileau, en 1704, pour servir d’inscription à la gravure faite de son propre portrait, par Drevet, d’après Rigaut.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François. — M. César de Missy était chapelain de l’église française de Saint-James.
  3. C’est l’ouvrage de Pancirole, dont il sera parlé plus loin. (A. F.)