Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/17

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n’y a jamais eu de corps si faible que le mien, ni d’âme plus sensible. J’ose enfin vous aimer autant que je vous admire.

Une fille pucelle ou non pucelle ! Vraiment c’est bien là ce qu’il me faut ! J’ai besoin de fourrure en été, et non de fille. Il me faut un bon lit, mais pour moi tout seul, une seringue, et le roi de Prusse.

Je me porte trop mal pour envoyer des vers à Votre Majesté ; mais en voici qui valent mieux que les miens[1]. Ils sont d’un capitaine dans les gardes du roi Stanislas ; ils sont adressés au prince de Beauvau. L’auteur, nommé Saint-Lambert, prend un peu ma tournure, et l’embellit. Il est comme vous, sire, il écrit dans mon goût. Vous êtes tous deux mes élèves en poésie ; mais les élèves sont bien supérieurs, pour l’esprit, au pauvre vieux maître poëte.

Songez combien vous devez avoir de bontés pour moi, en qualité de mon élève dans la poésie, et de mon maître dans l’art de penser.


1961. — À M. THIERIOT[2].
mars 1749.

J’ai envoyé à Versailles pour le bon Mathée. S’il ne se trouve pas, combien vaut-il ?

Le roi de Prusse m’écrit tous les huit jours, il veut absolument que j’aille encore le voir. Ne pourrai-je point vous servir ?

M. de Maupertuis a des appointements de douze mille livres, la Barbarini avait trente-deux mille livres ; mais moi, j’ai le droit de dire la vérité.


1962. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON.
À Paris, le 18 mars.

Je vous envoie donc, monsieur, la copie de la lettre d’un prince[3] qui a autant d’esprit que vous, et dont je souhaite que le cœur vaille le vôtre. Je vous demande en grâce de me la renvoyer et de n’en laisser prendre aucune copie. Recommandez

  1. C’est l’épître qui commence par ces vers :

    À vivre au sein du jansénisme,
    Cher prince, je suis condamné.

    Voltaire en cite quatre vers dans son Éloge funèbre des officiers, etc. ; voyez tome XXIII, page 261.
  2. Pièces inédites de Voltaire, 1820.
  3. Frédéric II.