Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quise du Châtelet, et ayant demeuré depuis dans la maison du sieur de Voltaire, Mme  Denis demande encore que pareilles visite et saisie soient faites chez ledit Lafond, pour, après l’examen desdits papiers, distractions être faites des titres manuscrits, pièces de théâtre, poëme[1] et généralement de tous les ouvrages tant en prose qu’en vers qui seront reconnus par ladite dame pour appartenir à monsieur son oncle, et être lesdits papiers et livres, s’il s’en trouve, remis à Mme  Denis, et le surplus à qui il appartiendra,


Mignot Denis.

2224. — À M. DARGET.
Jeudi, 1751.

Mon cher ami, vous souviendriez-vous par hasard de l’ermite V. ? Vous êtes sans doute dans les plaisirs jusqu’au cou. Je fais mille compliments à vos plaisirs ; j’espère avoir bientôt celui de vous voir. Il n’y a guère que vous qui puissiez me tirer de ma solitude. Heureux qui peut vivre avec vous ! Faites-moi l’amitié de dire à M. et à Mme  de Tyrconnell que, de tous les ermites, je suis celui pour qui ils doivent avoir le plus de bonté. Faites-leur ma cour, je vous en prie, et aimez-moi tant que vous pourrez. J’aime à avoir place dans un cœur comme le vôtre.


2225. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Potsdam, le 27 avril.

Mon cher ange, j’apprends que vous avez perdu Mlle  Guichard[2]. Vous ne m’en dites rien ; vous ne me confiez jamais vos plaisirs ni vos peines, comme si je ne les partageais pas, comme si trois cents lieues étaient quelque chose pour le cœur, et pouvaient affaiblir les sentiments. Voilà donc cette pauvre petite fleur, si souvent battue parla grêle, à la fin coupée pour jamais ! Mon cher ange, conservez bien Mme  d’Argental : c’est une fleur d’une plus belle espèce, et plus forte ; mais elle a été exposée bien des années à un mauvais vent. Mandez-moi donc comment elle se porte. Aurez-vous votre Porte-Maillot cette année ? Vous me direz que je devrais bien venir vous y voir : sans doute, je le devrais et je le voudrais ; mais ma Porte-Maillot est à Potsdam et à Sans-Souci. J’ai toutes mes paperasses, il faut finir ce que l’on a commencé. J’ai regardé le caractère d’historiographe comme indélébile. Mon Siècle de Louis XIV avance. Je profite du peu de

  1. La Pucelle ; voyez la lettre 2231.
  2. Eléonore Guichard, née en Normandie vers 1719, morte au commencement d’avril 1751.