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uomo da poco. E bisogna pigliar cura de’ suoi parenti et amici prima di pensare alle pietre d’un monumento. Tocca a un vescovo, a un gran cardinale, a un celebratissimo benefattore come voi siete, di segnalare la sua beneficenza dovunque va la sua gloria. Rimango con ogni riverenza del suo imparegiabile merito, si come di Sua Eminenza, umilissimo et devotissimo servitore[1],


Voltaire.

2318. — À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.
À Berlin, le 8 janvier.

Une des plus grandes obligations qu’un homme puisse avoir à un homme, c’est d’être instruit ; j’ai donc pour vous, mon cher confrère, la plus tendre et la plus vive reconnaissance. Je profiterai sur-le-champ de la plupart de vos remarques[2] ; mais il faut d’abord que je vous en remercie.

  1. Traduction : La mort du comte de Rottembourg, l’un des directeurs de cette église que Votre Éminence favorise tant, a laissé ici les regrets les plus vifs. Je serais beaucoup étonné s’il n’avait pas destiné par son testament une somme considérable pour la perfection de cet édifice. Les assauts continuels de la maladie qui me mine sont un présage que je serai bientôt avec le pauvre comte de Rottembourg, dans ce pays où l’on ne bâtit, ni pour Dieu ni pour les hommes. L’église de Berlin aura part à mes dernières dispositions ; mais je donnerai peu, parce que j’ai peu*. L’on doit se rappeler ses parents et ses amis avant de se souvenir des pierres d’un monument. Il est digne d’un évêque, d’un grand cardinal, d’un célèbre bienfaiteur tel que vous, de faire éclater sa générosité dans tous les endroits où parvient sa gloire.

    Je finis avec la vénération qu’on doit à un mérite incomparable comme celui de Votre Éminence.

    *. Voltaire avait alors soixante mille livres de rentes.

  2. Voici ce que le président Hénault écrivait au comte d’Argenson, le 31 décembre 1751, relativement au Siècle de Louis XIV :

    « Voltaire m’a envoyé son livre, en me priant de lui envoyer des critiques, c’est-à-dire des louanges. J’ai beaucoup hésité à lui écrire, parce que je crains de le contredire, et que, d’un autre côté, je voudrais bien que son ouvrage fût de façon à être admis en ce pays-ci, et qu’il l’y ramenât. C’est le plus bel esprit de ce siècle, qui fait honneur à la France, et qui perdra son talent quand il aura cessé d’y habiter ; mais c’est un fou que la jalousie en a banni… Tel qu’il est pourtant, il faudrait, s’il est possible, le mettre à portée de revenir, et cet ouvrage en pourrait être l’occasion. C’est ce qui m’a déterminé à lui envoyer des remarques sur le premier tome, dont vous trouverez ici une copie.

    « Le défaut de ce premier tome, en général, … c’est que Louis XIV n’y est pas traité, à beaucoup près, comme il doit l’être ; mais le second tome, dont j’ai lu les deux tiers, répare bien tout cela… Je n’ai rien vu de comparable ailleurs, ni pour la gloire du roi, ni pour celle de la nation. »

    Le président Hénault, qui a écrit l’histoire en courtisan, voulait que Voltaire l’écrivît en gentilhomme ordinaire. (Cl.)