Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/441

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À propos, faudra-t-il que j’envoie un billet de confession au curé de Saint-Roch ? Mon cher ange, notre curé de Potsdam, c’est le roi ; il y a plaisir à mourir là. Il y a deux ans que je n’ai aperçu de prêtres ; ils n’entrent jamais dans le château. Pauvres gens du Midi ! apprenez à vivre. Pourquoi faut-il qu’il n’y ait de raison que dans le Nord !

Tous mes anges, je baise le bout de vos ailes.


2382. — À MADAME LA MARGRAVE DE BAIREUTIH[1].
À Potsdam, 5 juin (1752).

Madame, frère Voltaire qui n’en peut plus, frère Voltaire qui se meurt, interrompt l’agonie pour dire à Votre Altesse royale qu’il croit à présent M. d’Adhémar à votre service ; il me paraît qu’il sent tout son bonheur. Pour moi, je ne suis plus bon à rien, et je ne sais pas comment le roi votre frère a la bonté de me garder. On dit que Mme  la margrave d’Anspach est à Berlin. Il y a une margrave que je voudrais bien y voir revenir. J’imagine que l’honneur de lui faire ma cour me rendrait la santé. Pourquoi n’y viendriez-vous pas, madame ? On prétend que la peste est dans le haut Palatinat, cela n’est peut-être pas vrai : la Renommée ne va pas à Potsdam quand le roi n’y est pas.

On y est séquestré du genre humain. Lui absent, tout est enterré. S’il est vrai que la peste soit dans vos quartiers. Potsdam est une vraie sauvegarde. On enverra contre elle des détachements de grands grenadiers : elle s’enfuira comme les Autrichiens.

Le marquis d’Adhémar m’écrit encore pour me dire qu’il serait déjà aux pieds de Votre Altesse royale sans une grande maladie qu’il a eue. Je me flatte que ce n’est pas la peste. Frère Voltaire se prosterne sur son grabat devant Votre Altesse et devant monseigneur.


2383. — AU RÉDACTEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE IMPARTIALE[2].
Potsdam, le 5 juin 1752.

Monsieur, on vient d’imprimer, je ne sais où, sous le titre de Londres, un certain Micromégas[3] ; passe que cette ancienne plai-

  1. Revue française, 1er février 1866 ; tome XIII, page 220.
  2. C’était Formey.
  3. Voyez tome XXIV, page 32.