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sieur Korman, marchand et commissionnaire à Strasbourg. Je lui écrivis, et je lui donnai pour instruction de remettre ce paquet à votre adresse entre les mains de la maîtresse des postes de Strasbourg. J’ai l’honneur de vous en donner avis, n’ayant point reçu de réponse de ce Korman. Quand il serait mort, vous n’en devriez pas moins avoir votre paquet : car il y a deux frères Korman et compagnie. J’avais reçu plusieurs ballots par leur canal. S’ils sont tous morts, et qu’ils n’aient point eu de billets de confession, on aura peut-être mis le scellé sur leurs effets. Comme le livre n’est point hérétique, j’espère qu’il vous sera rendu. J’ignore à présent, monseigneur, en quel lieu vous êtes, si vous rendez Metz imprenable, ou si vous embellissez votre terre. En quelque endroit que vous soyez, je vous souhaite autant de santé que vous avez de gloire.

J’ai l’honneur d’êlre, etc.


2424. — À M. LE COMTE DE CHOISEUL[1].
Potsdam, le 5 septembre.

Vos bontés constantes me sont bien plus précieuses, monsieur, que l’enthousiasme passager d’un public presque toujours égaré, qui condamne à tort et à travers, juge de tout et n’examine rien, dresse des statues et les brise pour vous en casser la tête. C’est à vous plaire que je mets ma gloire.

Je n’aime de signal[2] que celui auquel je reviendrai voir mes amis. À l’égard de celui de Lisois, je pense qu’à la reprise on pourrait hasarder ce qu’il a été très-prudent de ne pas risquer aux premières représentations.

Ce n’est point le héros du Nord qui m’empêche à présent de venir vous faire ma cour, c’est Louis XIV. Une nouvelle édition, qu’on ne peut faire que sous mes yeux, m’occupera encore six semaines pour le moins. J’ai eu de bons matériaux que je mets en œuvre. J’ai tiré de mon absence tout le parti que je pouvais. Je suis assez comme qui vous savez ; mon royaume n’est pas de ce monde[3]. Si j’étais resté à Paris, on aurait sifflé Rome et le Duc de Foix, la Sorbonne eût condamné le Siècle de Louis XIV ; on m’au-

  1. César-Gabriel, créé duc de Praslin le 2 novembre 1752, né en 1712, mort en 1785.
  2. Allusion au coup de canon que Vendôme entend dans la seconde scène du cinquième acte d’Adélaïde du Guesclin, et dont il n’est plus question dans Amélie, ou le Duc de Foix.
  3. Évangile de saint Jean, chap. xviii, v. 36.