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un jeune homme qui a fait la fonction de prédicateur. Je me persuade qu’il fera celle d’honnête homme. S’il a fait quelques frais pour cette édition, il peut m’en envoyer le compte ; je le communiquerai à mon libraire, et le mieux serait assurément de terminer cette affaire d’une manière qui ne causât du chagrin ni à ce jeune homme ni à moi.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec l’attachement sincère que vos procédés obligeants m’inspirent, etc.


2458. — À M, KŒNIG.
À Potsdam, le 17 novembre 1752.

Monsieur, le libraire qui a imprimé une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, plus exacte, plus ample, et plus curieuse que les autres, doit vous en faire tenir de ma part deux exemplaires : un pour vous, l’autre pour la bibliothèque de Son Altesse royale, à qui je vous prie de faire agréer cet hommage et mon profond respect.

Il est bien difficile que dans un tel ouvrage, où il y a tant de traits qui caractérisent l’héroïsme de la maison d’Orange, il ne s’en trouve pas quelques-uns qui puissent déplaire ; mais une princesse de son sang, et née en Angleterre, connaît trop les devoirs d’un historien et le prix de la vérité pour ne pas aimer cette vérité, quand elle est exprimée avec le respect que l’on doit aux puissances.

J’aurai sans doute bien des querelles à soutenir sur cet ouvrage ; je puis m’être trompé sur beaucoup de choses que le temps seul peut éclaircir. Il ne s’agit pas ici de moi, mais du public ; il n’est pas question de me défendre, mais de l’éclairer ; et il faut sans difficulté que je corrige toutes les erreurs où je serai tombé, et que je remercie ceux qui m’en avertiront, quelque aigreur qu’ils puissent mettre dans leur zèle. Cette vérité à laquelle j’ai sacrifié toute ma vie, je l’aime dans les autres autant que dans moi.

J’ai lu, monsieur, votre Appel au public, que vous avez eu la bonté de m’envoyer, et je suis revenu sur-le-champ du préjugé que j’avais contre vous. Je n’avais point été du nombre de ceux qu’on avait constitués vos juges, ayant passé tout l’été à Potsdam ; mais je vous avoue que, sur l’exposé de M. de Maupertuis, et sur le jugement prononcé en conséquence, j’étais entièrement contre votre procédé.