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2482. — À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.
À Berlin, le 18 décembre.

Voici, mon cher et illustre confrère, une lettre de bonne année. Je ne suis pas accoutumé à faire de ces compliments-là ; mais j’aime à vous dire :


Qu’il vive autant que son ouvrage[1],
Qu’il vive autant que tous les rois
Dont il parle sans verbiage.


J’ai à vous avouer que j’ai été, moi, beaucoup trop verbiageur sur l’Histoire de la dernière guerre, dont j’ai envoyé le manuscrit à M. d’Argenson. Je devais faire de cette histoire un ouvrage aussi intéressant que le Siècle de Louis XIV. Je ne l’ai point fait ; j’ai trop étouffé l’intérêt sous des détails : cela est ennuyeux pour les acteurs mêmes.

C’est donc quelque chose de bien vilain que la guerre, puisque les particularités les plus honorables des grandes actions font bâiller ceux qui les ont conduites.

Je regarde ce que j’ai envoyé à M. d’Argenson comme des matériaux qu’il m’avait confiés, et qui lui appartiennent. J’en fais à présent un édifice plus régulier et plus agréable. Dites-lui, je vous en supplie, monsieur, que je lui demande très-sérieusement pardon de l’énormité de mon volume. J’ai sa gloire à cœur ; il n’y en a point dans de trop gros livres. Je lui réponds d’être court et vrai. Je veux que les belles années de Louis XV se fassent lire comme le Siècle de Louis XIV ; j’ai presque dit comme votre Chronologie ; et je souhaite qu’après ma mort mon nom puisse ne pas faire déshonneur à celui de M. d’Argenson, après l’avoir un peu ennuyé pendant ma vie. J’ai besoin à présent de votre indulgence et de la sienne ; je vous la demande instamment ; faites-lui parvenir mes remords.


2483. — À M. FORMEY.

J’ai eu du monde jusqu’à présent, monsieur, et je n’ai pas eu le temps de vous répondre.

Je tâcherai de venir chez vous après-demain, si mes forces me

  1. Voyez tome XXXVI, page 298.