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ANNÉE 1758.

Lui présageaient une grande réputation.
Estimé en Angleterre,
Applaudi à Rome,
Chéri dans sa patrie,
Il mourut à Saint-Jean de Maurienne,
Dans le cours de ses voyages,
Le 20 août 1757.

P.-M. H., son compatriote et son ami,
Après avoir versé des pleurs sur sa tombe,
Y a fait graver cette épitaphe
Le 9 septembre 1758.


Je souhaite, monsieur, que ce bavardage vous déplaise ; la mémoire de mon ancien ami ne pourra qu’y gagner.


3360. — À M.  THIERIOT.
Aux Délices, 17 septembre.

Il faut reprendre où nous en étions, mon ancien ami. J’ai été un peu de temps par monts et par vaux ; me voilà rendu à ma famille et à mes amis, dans mes chères Délices. Que faites-vous ? où êtes-vous ? avez-vous reçu un manuscrit concernant la Russie, que M.  l’abbé Menet doit vous avoir remis ? Il y a un domestique de Mme  de Fontaine qui repartira bientôt pour notre lac ; je vous serai très-obligé d’envoyer le manuscrit chez elle. Je suppose que vous êtes toujours chez Mme  de Montmorency, et que votre vie est douce et tranquille ; j’en connais qui ne le sont pas. Je n’ai pas été précisément aux champs de Mars ; mais j’étais assez près de ces vilains champs, quand les Hanovriens battaient une aile de notre armée, prenaient Dusseldorf, et repassaient le Rhin à leur aise. Mes chers Russes sont venus depuis d’Archangel et d’Astrakan pour se faire égorger à Custrin. Nous sommes malheureux sur terre et sur mer, et on dit que l’artillerie prussienne porte jusqu’à Paris, où elle estropie la main droite de nos payeurs des rentes. Je suis honteux d’être chez moi, en paix et aise, et d’avoir quelquefois vingt personnes à dîner, quand les trois quarts de l’Europe souffrent.

J’avais lu dans un journal que M.  Helvétius a fait un livre sur l’Esprit, comme un seigneur qui chasse sur ses terres ; un livre très-bon, plein de littérature et de philosophie, approuvé par un premier commis[1] des affaires étrangères ; et j’apprends aujourd’hui qu’on a condamné ce livre, et qu’il le désavoue

  1. Tercier : voyez lettre 3652.