Mais tous les ans, dans la belle saison,
L’Amour les guide en nos réduits champêtres.
Elle n’a pas tant de fidélité ;
Elle nous fuit, peut-être nous oublie.
C’est le phénix à jamais regretté,
On ne le voit qu’une fois dans sa vie.
C’est ainsi qu’on vous traite, mademoiselle ; et, quand vous reviendriez, vous n’y gagneriez rien : on vous traiterait seulement de phénix qu’on aurait vu deux fois. Pour moi, quelque forte envie que j’aie de venir vous rendre mes hommages, il n’y a pas d’apparence que j’aille à Paris. Le rôle d’un homme de lettres y est trop ridicule, et celui de philosophe trop dangereux. Je m’en tiens à achever mon château, et ne veux plus en bâtir en Espagne.
Vraiment, vous faites à merveille de me parler de M. de La Borde[1]. Je sais que c’est un homme d’un vrai mérite, et nécessaire à l’État. Sono pochissimi i signori de cette espèce.
Adieu, mademoiselle ; recevez sans cérémonie les assurances de l’attachement très-véritable de l’oncle et de la nièce. Nos compliments à monsieur votre frère[2].
Ma belle inoculable, ma courageuse philosophe, je baise vos mules ; mais pour celle du pape[3], vous ne pourrez l’avoir que demain ou après-demain. Il faut s’en souvenir, la refaire, la transcrire ; je n’ai pas un moment à moi ; mais tous mes moments sont à vous.
Mon petit théâtre de Polichinelle ne sera pas cher. Monsieur le conseiller se moque de moi : il veut réduire mes acteurs à deux pieds et demi de haut, comme les diables de Milton qui se font pygmées. Il faut, pour sa peine, qu’il vienne jouer Mérope.
- ↑ Jean Benjamin de La Borde, auquel est adressée, dans la Correspondance, une lettre du 4 novembre 1765.
- ↑ Mort fou, à Bicêtre, selon MM. Choron et Fayolle, auteurs du Dictionnaire historique des musiciens.
- ↑ La Mule du pape. Voyez tome IX.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François.