Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/228

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Voici bientôt le temps propre à planter les vignes. Quand je partis pour Paris, M. Le Bault, votre ami et le mien, qui est dans un très-bon climat, voulut bien se charger de vous envoyer de ma part la quantité de plants que j’ai promis de vous fournir. Comme il est exact, je pense qu’il ne l’aura pas oublié. Je vais cependant lui en écrire. Mais si vous ne les avez pas reçus, pour plus d’expédition, ayez la bonté de lui en écrire aussi un mot en droiture.

Envoyez-moi, si vous voulez, les noms des gens en qui vous avez confiance pour garder la chasse : mon frère leur fera expédier des commissions. Ce seront des gardes que vous aurez sous votre main, à vos ordres, et que vous ferez révoquer à votre volonté si vous n’en êtes pas content.

J’ai l’honneur d’être, avec le plus inviolable attachement, monsieur, etc.


3969. — DE M. LE PRÉSIDENT DE BROSSES[1],
à m. girod[2].
capitaine en chatelain royal du pays de gex.
Novembre 1759.

J’ai écrit à M. de Voltaire, sur l’article des bois, une lettre très-polie, mais forte et précise, par laquelle je lui fais voir qu’afin de prévenir les difficultés qui ne manqueraient pas de naître à l’avenir sur l’état primitif des lieux, s’ils étaient une fois dénaturés, il y a nécessité pour lui et pour moi de dresser dès aujourd’hui une reconnaissance en forme de l’état où était la forêt quand elle lui a été remise.

J’ai reçu de lui une lettre qu’il m’écrivait de son propre mouvement et qui a croisé la mienne. Il faut qu’il ait pris l’alarme sur la visite que vous avez été faire : car il s’étend beaucoup sur ce qu’on veut lui susciter des affaires et sur l’excellente culture qu’il ordonne, ayant, dit-il, dans les six premiers mois de sa jouissance, mis plus de 15,000 livres en réparations, tant dans la maison qu’à faire ôter des pierres des terres labourables. Je crois qu’il y aurait beaucoup à décompter sur une si grosse somme, et qu’à peine peut-être y trouverait-on le dixième en utilités réelles.

Au reste il convient que son théâtre ne me sert à rien, et qu’il fait arracher les arbres de la forêt. Ainsi sa lettre ne change rien à une précaution toujours usitée en pareil cas, et nécessaire pour tous deux.

Vous comprenez combien il est essentiel que tout ceci soit fait en règle et qu’on n’y perde point de temps, par les raisons que vous m’avez dites vous-même.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Grand-oncle de M. Girod (de l’Ain), pair de France, ancien minisire de l’instruction publique. La charge de châtelain royal avait de l’analogie avec celle de juge de paix. Mais, comme les baillits royaux, le châtelain connaissait en outre de la convocation du ban, des fortifications, de la petite voirie, etc. (Note du premier éditeur.).