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Or Saint-Victor avait le fief de la Perrière, au pays de Gex. Donc depuis 1749 le roi est possesseur du fief.

S’il faut un plus grand éclaircissement, monseigneur l’intendant de Bourgogne est supplié de donner ses ordres pour que le requérant demande en son nom à la république de Genève la compulsion des archives ; et il demande délai jusqu’à ce temps.


Voltaire.

4150. — À MADAME D’ÉPINAI.
13 juin.

Ma belle et respectable philosophe, vous avez un grand défaut, vous êtes comme tous les Parisiens et toutes les Parisiennes de ma connaissance ; ils ne manquent pas de m’écrire : Vous savez sans doute ; vous avez lu ; que dites-vous de ce Mèmoire ? Eh ! non, messieurs, je n’ai rien lu. Tout le monde me parle du Mémoire[1] de M.  Lefranc de Pompignan, et personne ne me l’envoie ; au reste, il se peut fort bien faire que le dévot Lefranc de Pompignan ait été interdit pour avoir donné ou mérité des soufflets ; mais le fait est que le pédant chancelier d’Aguesseau lui refusa, de ma connaissance, les provisions de sa charge pendant six mois, en 1739, pour avoir mal traduit la Prière du Déiste[2] ; je le servis dans cette affaire, et il m’en a récompensé dans son beau discours à l’Académie.

La Vision[3] m’a fait une peine extrême ; c’est le comble de l’indécence et de l’imprudence d’avoir mêlé Mme  la princesse de Robecq dans cette querelle. Il est affreux d’avoir insulté une mourante ; cela irrite contre les philosophes, les fait passer pour des fous et des cœurs mal faits ; cela justifie Palissot, cela fait mettre Robin en prison, cela inquiète le Prophète de Bohême, cela achève de perdre le pauvre Diderot, qui a trouvé le secret de renverser le plus bel édifice du monde pour y avoir mis une douzaine de pierres mal taillées, qui ne s’accordent pas avec le reste du bâtiment.

Vous me feriez un très-grand plaisir, madame, de m’envoyer en détail vos réflexions sur l’Écossaise ; je les ferais passer à mon ami M.  Hume, digne prêtre qui ne manquerait pas d’en profiter, et qui vous aurait une extrême obligation. Je vous envoie le Plai-

  1. Voyez les notes, tome XXIV, pages 112 et 131.
  2. Voyez la note, tome XXIV, page 112.
  3. Voyez ci-dessus, page 412.