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dans laquelle je lui propose de faire une rétractation publique. Adieu, adieu ; une autre fois je vous en dirai davantage ; mais il faudrait venir chez nous. Je vous embrasse tendrement.


4167. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
27 juin.

Mon cher ange pardonnera si je n’écris pas de ma main ; on n’est pas de fer, quoiqu’on soit dans un siècle de fer, M.  Tronchin est étonné que vos médecins de Paris n’aient pas prévu la pierre bilieuse ; je l’ai consulté sur le rhumatisme ; il demande des détails, et alors il dira son avis.

Il faudrait, mon divin ange, refondre l’Écossaise, changer absolument le caractère de Frelon, en faire un balourd de bonne volonté qui gâterait tout en voulant tout réparer, qui dirait toutes les nouvelles en voulant les taire, et qui influerait sur toute la pièce jusqu’au dernier acte. Cette pièce a été faite bonnement et avec simplicité, uniquement pour faire donner Fréron au diable ; elle ne pourrait être supportée au théâtre qu’en cas qu’on la prît pour une comédie véritablement anglaise. Elle ressemble aux toiles peintes de Hollande, qui ne sont de débit que quand elles passent pour être des Indes. Je vous enverrai, je crois, demain cette misère, avec quelques légères corrections. Il est impossible de rien changer aux deux derniers actes, à moins de faire une pièce nouvelle. Je me trompe peut-être, mais je crois que le Droit du Seigneur vaut infiniment mieux. Vous aurez le petit embellissement de la fin de Tancrède en son temps, afin de ne pas mêler les espèces.

Pour Médime, j’en ai par-dessus la tête ; je ne puis rien faire pour elle ; je suis son serviteur, et lui souhaite toutes sortes de prospérités. Vous devriez bien donner un Pauvre Diable à votre ancien portier ; peut-être trouverait-il quelque honnête typographe qui s’en chargerait pour l’édification publique. Tout le monde admire la modestie de Lefranc de Pompignan, et on voit combien le roi et tout l’univers prennent le parti de ce grand homme ; je crois que Mlle  Vadé lui en dira deux mots[1]. J’ai pris la liberté de vous adresser ma seconde réponse à la seconde lettre du sieur Palissot. Cette lettre le met si fortement et si honnêtement dans tout son tort, elle justifie si pleinement Diderot ; elle doit faire tellement rougir M.  Joly de Fleury sans l’offen-

  1. Dans la Vanité, satire (voyez tome X).