Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/132

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Adieu, monsieur ; je pensais ne vous envoyer qu’une tragédie, et je vous ai envoyé ma profession de foi. Je vous quitte pour aller à la messe de minuit avec ma famille et la petite-fille du grand Corneille. Je suis fâché d’avoir chez moi quelques Suisses qui n’y vont pas ; je travaille à les ramener au giron ; et si Dieu veut que je vive encore deux ans, j’espère aller baiser les pieds du saint-père avec les huguenots que j’aurai convertis, et gagner les indulgences.

In tanto la prego di gradire gli auguri di félicita ch’ io le reco, nella congiuntura delle prossime santé feste natalizie.


4388. — À M.  CORNEILLE[1].
Ferney, 25 décembre.

Mademoiselle votre fille, monsieur, me paraît digne de son nom par ses sentiments. Ma nièce, Mme  Denis, en prend soin comme de sa fille. Nous lui trouvons de très-bonnes qualités, et point de défauts. C’est une grande consolation pour moi, dans ma vieillesse, de pouvoir un peu contribuer à son éducation. Elle remplit tous ses devoirs de chrétienne. Elle témoigne la plus grande envie d’apprendre tout ce qui convient au nom qu’elle porte. Tous ceux qui la voient en sont très-satisfaits. Elle est gaie et décente, douce et laborieuse ; on ne peut être mieux née. Je vous félicite, monsieur, de l’avoir pour fille, et vous remercie de me l’avoir donnée. Tous ceux qui lui sont attachés par le sang, et qui s’intéressent à sa famille, verront que si elle méritait un meilleur sort, elle n’aura pas à se plaindre de celui qu’elle aura eu dans ma maison. D’autres auraient pu lui procurer une destinée plus brillante ; mais personne n’aurait eu plus d’attention pour elle, plus de respect pour son nom, et plus de considération pour sa personne. Ma nièce se joint à moi pour vous assurer de nos sentiments et de nos soins.


4389. — À M.  DESPREZ DE CRASSY[2].
À Ferney, 25 décembre 1760.

En vous remerciant de vos perdrix, mon cher monsieur. Je vous supplie de vouloir bien nous faire l’honneur de venir les

  1. Jean-François, père de Marie-Françoise ; voyez la note, page 47.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.