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4581. — À M. LE DUC DE NIVERNAIS[1].
Aux Délices, 21 juin.

Vous devenez, monseigneur le duc, tout jeune que vous êtes, le père de l’Académie, et vos discours vous ont rendu cher au public. La protection que vous donnez aux descendants de Corneille augmente encore, s’il est possible, la vénération qu’on a pour vous.

Tous mes soins deviendront infructueux, s’il ne se trouve quelques âmes aussi sensibles et aussi nobles que la vôtre. Je me flatte que votre nom, imprimé à la tête des souscripteurs, engagera plusieurs personnes à donner le leur. On portera sans doute le roi à permettre, en qualité de protecteur, qu’il soit regardé comme le premier bienfaiteur de la famille du grand Corneille. Je suis bien sûr que, dans l’occasion, vous voudrez bien appuyer mes propositions de votre crédit et de vos conseils. Je vous en fais mes très-humbles remerciements : Mlle Corneille y joindrait déjà les siens si les ménagements qu’on doit aux infortunés m’avaient permis de l’instruire de ce qu’on fait pour elle.

J’ajouterai que je crois convenable que chaque académicien, non-seulement donne son nom, mais qu’il nous procure des souscripteurs : car, lorsque les sieurs Cramer seront à Genève, comment pourront-ils en avoir à Paris ?

Je vous demanderais pardon, monseigneur, de tous ces détails, si vous aviez moins de générosité ; j’ai seulement peur de n’avoir pas assez de santé pour conduire cette entreprise à sa fin.

J’attends votre discours avec impatience, et serai toute ma vie, monseigneur, avec autant d’estime que de respect, etc.


4582. — À M. DE LA PLACE,
auteur du mercure[2].
23 juin 1761.

Sic vos, non vobis. Dans le nombre immense de tragédies, comédies, opéras-comiques, discours moraux et facéties, au nombre

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Cette lettre a été imprimée dans le Mercure de 1761, juillet, tome II, page 81. Les éditeurs de Kehl l’avaient placée dans les Mélanges littéraires, après en avoir imprimé la plus grande partie en tête de la tragédie de Zulime : ce double emploi se retrouve dans beaucoup d’éditions. Au reste, cette lettre est imprimée sans adresse dans le Mercure, et pourrait fort bien être celle que, dans le n° 4583, Voltaire dit adressée à Nicodème Thieriot.