Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/379

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à ne se point refuser les secours d’une critique faite par leurs confrères. Ne me les refusez donc pas, et ayez la bonté de lire avec attention la préface du Cid, que j’envoie à M. Duclos, notre secrétaire, en attendant les remarques sur toute la tragédie des Horaces.

Quelque occupé que je sois d’ailleurs, j’aurai fini avant que les libraires puissent commencer. La gloire de la France et de l’Académie, que je crois intéressée à cette entreprise, me donnera des forces, et me fera oublier ma faible santé.

Je ne suis pas en peine de souscriptions, puisque le roi donne l’exemple. Mais je voudrais pouvoir imprimer dans le programme les noms des académiciens qui favoriseront le nom de Corneille, et les mettre à la tête de la nation, qui doit encourager ce travail.

Le prix sera très-modique, il ne passera pas quarante livres ; et si quelque particulier oublie qu’il a souscrit, les princes s’en souviendront aussi bien que tous ceux qui, sans être princes, sont soigneux de leur honneur.

Mme de Pompadour souscrit pour cinquante exemplaires, M. le duc de Choiseul pour vingt, d’autres pour quinze, pour douze. Enfin je me flatte que la nation fera voir qu’elle sait honorer le nom d’un grand homme dans les temps les plus difficiles. Corneille m’appelle : je vous quitte en vous le recommandant.


4611. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Schwetzingen, ce 15 juillet.

Je n’ai fait qu’un beau rêve, mon cher malade, qui, je crois, m’a causé plus de douleur que toutes vos infirmités ne vous en font ressentir. C’est une affaire faite, il faut se soumettre à la Providence. Je ne vous suis pas moins obligé de vos charmantes lettres, et de l’intérêt que vous prenez à ce qui me regarde[1]. Je serai très-aise de contribuer à l’édition de Corneille ; j’y souscrirai pour dix exemplaires.

Votre Henriade va bientôt paraître en beaux vers allemands. J’y fais travailler un nommé Schwartz, très-médiocre conseiller que j’ai, mais très-bon poëte, et qui a déjà traduit toute l’Enéide en vers, à la parfaite satisfaction des amateurs de la poésie allemande. S’il réussit également dans la Henriade, il pourra se vanter d’avoir enrichi la littérature allemande des deux meilleurs poëmes épiques qui existent. Soyez persuadé de l’estime particulière que j’aurai toujours pour vous.


Charles-Théodore, électeur.
  1. Voyez une note de la lettre 4567.