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bourguignon. Voulez-vous boire à nous deux votre tonneau de 450 ? Envoyez-m’en la moitié, et pardonnez à ma lésine. L’année prochaine je serai hardi si les Anglais ne nous prennent pas Pondichéry, et si on ne nous impose pas un quatrième vingtième. Franchement, tout ceci est un peu dur.

Mille respects à madame. C’est avec les mêmes sentiments que j’aurai toujours l’honneur d’être, etc.


4304. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
22 octobre.

Mon cher ami, la meilleure nouvelle que vous nous ayez jamais apprise, c’est quand vous nous annonçâtes Mlle de Bazincourt[2] : cela vaut mieux pour nous que les prétendus dix millions de sucre et de café. Je vous souhaite ce qui s’en faut, et je vous souhaite surtout d’être directeur d’hôpitaux militaires qui ne soient pas si loin de chez nous, et où il y ait moins de malades et moins de blessés. L’Allemagne a été fort malsaine pour les Français.

On prétend que Paris rit toujours autant qu’il murmure ; que les soupers sont aussi gais avec de la vaisselle de terre qu’avec celle d’argent ; qu’on va vous donner des pièces nouvelles, bonnes ou mauvaises, panem et circenses. Il ne faut que cela dans votre bonne ville. J’ai donné circenses dans mes terres ; pour panem, j’en mérite, puisque je le sème. J’ai aussi du vin, je voudrais que vous vinssiez le boire.


4305. — À M. ***[3].

S’il y a des esprits de travers parmi vous, comme il y en a dans toutes les communautés, il me semble que les bons n’en doivent pas payer pour les méchants, et qu’on n’en doit pas moins estimer un Bourdaloue, parce qu’on méprise un Garasse.

Ce monde-ci est une guerre continuelle ; on a des ennemis et des alliés. Nous voilà alliés contre le gazetier janséniste, et je

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Elle était chez Vollaire depuis plus d’un an.
  3. Dans les éditions de Kehl, cette lettre était intitulée Frafgent à un jésuite, et classée à la fin de 1759. La transposition en octobie 1760 est de M. Clogenson. (Cl.)