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4631. — À M. LEKAIN.
Au château de Ferney, 8 auguste.

Mon cher Roscius, je vous écris rarement ; la poste est trop chère pour vous faire payer des lettres inutiles. Je sollicite M. d’Argental pour le jeune débarqué et dégoûté de Prusse. Vous pouvez lui dire que j’ai mieux aimé m’adresser à celui qui tire mes amis de prison qu’à celui qui les y fait mettre.

J’ai lu le mémoire de votre avocat contre les excommuniants : il y a des choses dont il est à souhaiter qu’il eût été mieux informé. J’avais écrit, il y a quelques années, au confesseur du pape, à un théologien pantalon de Venise, à un prêtre-buggerone de Florence, et à un autre de Rome, pour avoir des autorités sur cette matière ; je crois avoir remis les réponses entre les mains de M. d’Argental.

Cette excommunication est un reste de la barbarie absurde dans laquelle nous avons croupi : cela fait détester ceux qu’on appelle rigoristes ; ce sont des monstres ennemis de la société. On accable les jésuites, et on fait bien ; mais on laisse dormir les jansénistes, et on fait mal : il faudrait, pour saisir un juste milieu, et pour prendre un parti modéré et honnête, étrangler l’auteur des Nouvelles ecclésiastiques avec les boyaux de frère Berthier.

Sur ce, je vous embrasse.


4632. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
9 auguste.

Ose-t-on parler encore de vers et de prose à Paris, mes divins anges ? Les chaleurs et les malheurs ne font-ils pas un tort horrible au tripot ?

Je travaille le jour à Corneille, et la nuit à Don Phèdre[1].

Nos souscriptions pourraient bien se ralentir. Sans la prise de Pondicbéry, je ferais tout à mes dépens.

Je vous ai envoyé les remarques sur les Horaces. Voici la préface en forme d’épître dédicatoire à l’Académie. Je la mets sous vos ailes, et vous daignerez la recommander à Duclos, quand vous l’aurez lue. Il est bon que tout ait la sanction de quarante personnes ; mais j’aurai plus tôt achevé tout l’ouvrage que l’Aca-

  1. Voyez tome VII, page 239.