Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/426

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Je ne mêlerai en aucune façon de ce qu’on appelle improprement souscriptions. Quiconque voudra avoir le livre n’aura qu’à envoyer son nom au libraire de l’Académie, ou au portier de l’Académie, ou écrire directement à MM. Cramer. Je donnerai mon temps, mon travail et mon argent, pour cette entreprise ; et, dès que les Cramer auront commencé, le public aura un volume tous les trois mois. Je vous demande en grâce de seconder mon zèle.

Ne pourriez-vous pas nommer des commissaires pour examiner chacun de mes commentaires ? Il me semble que M. Saurin pourrait nous rendre de grands services. Mais il n’y a pas un moment à perdre : songez que j’ai soixante-huit ans, que je n’ai qu’un souffle de vie, et que si je mourais inter opus, l’ouvrage irait comme moi à tous les diables.

Je vous embrasse de tout mon cœur.


4648. — À M.  DAMILAVILLE.
Le 24 auguste.

M. Legouz[1], maître des comptes, à Dijon, jeune homme qui aime les arts et les Cacouacs, veut bien qu’on sache que le Droit du Seigneur, alias l’Écueil du sage, est de lui. Il m’envoie cette petite addition et correction, que les frères jugeront absolument nécessaire. Je crois que la pièce de M.  Legouz restera au théâtre, et qu’ainsi le nom de philosophe y restera en honneur. Je m’imagine que frère Platon ne sera pas fâché.

Il est absolument nécessaire que M.  Legouz soit reconnu. Il compte enjoliver cette petite drôlerie par une préface en l’honneur des Cacouacs, qui sera un peu ferme, et qui parviendra en cour, comme dit le peuple. Il y aura aussi une épître dédicatoire qui ira en cour. Mais si un gros fin de Préville s’obstine à dire qu’il croit l’ouvrage d’un certain V…, tout est manqué, tout est perdu.

Il est absolument nécessaire qu’on ne me soupçonne pas de ce que je n’ai pas fait. On doit faire entendre aux comédiens qu’ils se font grand tort à eux-mêmes s’ils s’opiniâtrent à me charger de cette iniquité. C’est M.  Legouz, vous dis-je, qui a fait cette coïonnerie.

  1. Voyez la note, tome VI, page 3 ; Voltaire renonça à prendre ce nom par égard pour le président Fyot de La Marche, dont Legouz était le parent. Voyez la lettre à d’Argental, du 7 septembre, n° 4664.