Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/450

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

observations, tout informes qu’elles sont : 1° parce que vos réflexions m’en feront faire de nouvelles ; 2° parce que le temps presse, et que si j’avais voulu limer, polir, achever avant d’avoir consulté, j’aurais attendu un an, et je n’aurais été sûr de rien ; mais en envoyant mes esquisses, et en en recevant les critiques de l’Académie, je vois la manière dont on pense, je m’y conforme, je marche d’un pas plus sûr.

Il y avait dans mes petits papiers : « L’abbé d’Aubignac, savant sans génie, et Lamotte, homme d’esprit sans érudition, ont voulu faire des tragédies en prose. » Un jeune homme du métier, qui a copié cela, s’est diverti à ôter le génie à Lamotte, et je ne m’en suis aperçu que quand on m’a renvoyé mon cahier[1].

Il y a souvent des notes trop dures ; je me suis laissé emporter à trop d’indignation contre les fadeurs de César et de Cléopâtre dans Pompée, et contre le rôle de Félix dans Polyeucte. Il faut être juste, mais il faut être poli, et dire la vérité avec douceur.

N. B. Je suis à Ferney, à deux lieues de Genève. Les Cramer préparent tout pour l’édition, et je travaille autant que ma santé peut me le permettre.

Ils ne donneront leur programme que lorsqu’ils commenceront à imprimer ; ils n’imprimeront que quand les estampes seront assez avancées pour que rien ne languisse.

J’ai peur qu’il n’y ait quatorze volumes in-8°, avec trente-trois estampes. Deux louis, c’est trop peu ; mais les Cramer n’en prendront jamais davantage ; le bénéfice ne peut venir que du roi, de la czarine, du duc de Parme, de nos princes, etc., comme je l’ai déjà mandé[2]. Si mes respectables et bons confrères veulent continuer à me marginer, tout ira bien. Respects et remerciements.


4673. — À M.  FYOT DE LA MARCHE[3].
À Ferney, 14 septembre[4].

J’ai ouvert, monsieur, l’incluse que je vous renvoie ; vous qui êtes la main de justice, vous pardonnerez à ma main indiscrète :

  1. Ce passage n’est pas dans le Commentaire sur Corneille ; dans ses remarques sur Œdipe, Voltaire nomme deux fois d’Aubignac (voyez tome XXXII, pages 158 et 164). Lamotte ayant fait un Œdipe en prose, c’est peut-être dans l’une des remarques sur l’Œdipe de Corneille que venait la phrase sur d’Aubignac et Lamotte. Voltaire a parlé depuis de ces deux auteurs dans l’article Rime de ses Questions sur l’Encyclopédie ; voyez tome XX, page 373.
  2. Voyez la lettre 4644.
  3. Éditeur, Th. Foisset.
  4. Cette date est fixée par celle du voyage de M. de La Marche à Ferney,