Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est une assez jolie prière à Jésus-Christ ; mais je ne me souviens plus des vers qui précèdent ; je les chercherai quand je retournerai aux Délices.

Je travaille sur Pierre, je commente, je suis lourd. C’est une terrible entreprise de commenter trente-deux pièces, dont vingt-deux ne sont pas supportables, et ne méritent pas d’être lues.

Les estampes étaient commencées. Les Cramer les veulent. Je ne me mêlerai que de commenter, et d’avoir raison si je peux. Dieu me garde seulement de permettre qu’ils donnent une annonce avant qu’on puisse imprimer ! Je veux qu’on ne promette rien au public, et qu’on lui donne beaucoup à la fois. Mes anges, j’ai le cœur serré du triste état où je vois la France ; je ne ferai jamais de tragédie si plate que notre situation : je me console comme je peux. Qu’importe un Picardet ou Rigardet ? Il faut que je rie, pour me distraire du chagrin que me donnent les sottises de ma patrie. Je vous aime, mes divins anges, et c’est là ma plus chère consolation. Je baise le bout de vos ailes.

N. B. Qu’importe que M. le duc de Choiseul ait la marine ou la politique ? Melin de Saint-Gelais[1], auteur du Droit du Seigneur, ne peut-il pas dédier sa pièce à qui il veut[2] ?


4693. — À M. LE BAULT[3],
conseiller de grand’chambre, à dijon.
À ferney, par Genève, 30 septembre 1761.

Monsieur, pour vous amuser pendant les vendanges, souffrez que je vous prenne pour arbitre conjointement avec monsieur le premier président et monsieur le procureur général. Le procédé de M. le président de Brosses vous surprendra peut-être[4], mais il

  1. Voyez tome VI, page 3.
  2. Une lettre de Titon du Tillet (Éverard, l’auteur du Parnasse François) à Voltaire est signalée à la date du 25 septembre 1761, dans un catalogue d’autographes avec la mention suivante : « Superbe lettre où il mande qu’il vient de recevoir des présents du roi de Danemark, et où il félicite Voltaire de ce qu’il a fait pour Mlle Corneille. »
  3. Éditeur, Th. Foisset.
  4. L’assignation de M. de Brosscs à Baudy est du 2 juin 1761 (vingt-neuf mois après la livraison du bois) ; celle de Baudy à Voltaire est du 31 juillet suivant. L’affaire fut appelée à l’audience du bailliage de Gex, le 27 septembre, et renvoyée, après jonction, sans ajournement fixe. (Note du premier éditeur.)