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4713. — À M. FYOT DE LA MARCHE[1].
(fils.)
À Ferney, 20 octobre 1761.

Monsieur, j’ose à la fois vous remercier de l’arbitrage que vous avez daigné accepter, et plaindre M. de Brosses de ne s’y être pas soumis. Je prends la liberté de vous envoyer la lettre que je lui écris. Je suis réduit à n’en faire juge que votre honneur, sans avoir la consolation de voir ce procès terminé par votre bouche. Vous me jugerez en secret, et ce sera tant pis pour celui qui n’a pas voulu votre jugement définitif. Cette affaire est plus grave qu’il ne pense. Il est triste d’être condamné unanimement par tous les gentilshommes de la province, et plus triste encore de l’être dans votre cœur. Je ne vois pas ce qu’il peut répondre. Il ne peut que me répéter son auri sacra fames. Mais l’or du pays des fétiches ne vaut pas assurément votre estime, et c’est là ce que j’ambitionne. Je suis avec un profond respect, monsieur, votre très-bumble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

4714. — À M. D’ALEMBERT.
20 octobre.

À quoi pensez-vous, mon très-cher phlosophe, de ne vouloir que rire de l’historiographe Lefranc de Pompignan ? Ne savez-vous pas qu’il compte être à la tête de l’éducation de M. le duc de Berry[2] avec son fou de frère ; que ce sont tous deux des persécuteurs, que les gens de lettres n’auront jamais de plus cruels ennemis ? Il me paraît qu’il est d’une conséquence extrême de faire sentir à la famille royale elle-même ce que c’est que ce malheureux. Il faut se mettre à genoux devant monsieur le dauphin, en fessant son historiographe.

Voici ce qu’une bonne âme m’envoie de Montauban[3]. Si vous étiez une bonne âme de Paris, cela vaudrait bien mieux ; mais, maître Bertrand, vous vous servez de la patte de Raton.

Il est sûr que ce détestable ennemi de la littérature a calomnié tous les gens de lettres, quand il a eu l’honneur de parler à monsieur le dauphin. Son épître dédicatore[4] est pire

  1. Éditeur, H. Beaune.
  2. Depuis Louis XVI.
  3. Les Car ; voyez tome XXIV, page 261.
  4. De son Éloge historique de monseigneur le duc de Bourgogne. La dédicace est adressée au dauphin et à la dauphine, père et mère du prince.