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4722. — À M. DU CLOS.
À Ferney, 26 octobre.

Je vous supplie, monsieur, d’engager l’Académie à me continuer ses bontés. Il est impossible que mon sentiment s’accorde toujours avec le sien, avant que je sache comme elle pense ; et quand je le sais, je m’y conforme, après avoir un peu disputé ; et si je ne m’y conforme pas entièrement, je tire au moins cet avantage de ses observations que je rapporte comme très-douteuse l’opinion contraire à ses sentiments ; et ce dernier cas arrivera très-rarement.

Presque tous les commentaires sont faits dans le goût des précédents ; ce sont des mémoires à consulter. M. d’Argental doit vous avoir remis Mèdèe et Polyeucte. Il ne s’agit donc que de vouloir bien faire, sur les deux commentaires de ces pièces, ce qu’on a eu la bonté de faire sur les autres, c’est-à-dire de mettre en marge ce qu’on pense. Je suis un peu hardi sur Polyeucte, je le sais bien ; mais c’est une raison de plus pour engager l’Académie à rectifier, par un mot en marge, ce qui peut m’être échappé de trop fort et de trop sévère : en un mot, il faut que l’ouvrage serve de grammaire et de poétique, et je ne peux parvenir à ce but qu’en consultant l’Académie.

Les libraires ne peuvent commencer à imprimer[1] qu’au mois de janvier, et ne donneront leur programme que dans ce temps-là.

J’aurai l’honneur de vous envoyer la dédicace et la préface. L’une et l’autre seront conformes aux intentions de l’Académie.


4723. — À M. HENNIN.
Au château de Ferney en Bourgogne, par Genève, 26 octobre.

Pardon, monsieur, de vous remercier si tard du souvenir dont vous m’honorez, et de ne vous pas répondre de ma main. Mes yeux souffrent beaucoup, et mon corps bien davantage. Je ne ressemble point du tout à vos seigneurs polonais qui vont dîner à trente lieues de chez eux. Il y a bien longtemps que je ne suis sorti d’un petit château que j’ai fait bâtir à une lieue des

  1. Le Théâtre de P. Corneille avec des commentaires ; voyez l’Avertissement de Beuchot, tome XXXI, page 173.