Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/515

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loi pour entendre ceci : et je voudrais que vous connussiez mieux l’application de l’ordonnance de 1667, avant que de la citer.

Mais je m’aperçois que votre prétention ne se borne pas là, et que vous voulez avoir tous les bois coupés qui restaient en moules dans la forêt lors de notre marché, sous le prétexte qu’ils n’étaient pas réellement vendus à un marchand de Genève comme je vous l’ai dit alors. Tâchez d’avoir meilleure mémoire. Je vous dis alors que j’exceptais de la remise les bois coupés et ci-devant exploités, et huit pieds d’arbres encore sur pied, que j’avais vendus depuis peu à un marchand de Genève. Lisez l’acte où cela est ainsi expliqué : M. de Voltaire aura la pleine jouissance de la forêt de Tournay et des bois qui sont sur pied et non vendus… Ledit seigneur de Brosses s’engage à ne faire couper aucun arbre dans ladite forêt, à la réserve de huit chênes vendus à un tonnelier de Genève, qui sont encore sur pied. Vous voyez donc que l’acte contient réserve des bois exploités qui n’étaient plus sur pied (ce sont ceux de Baudy), et réserve de huit chênes non encore exploités, qui sont ceux de l’autre marchand. Un enfant entend bien que les bois qui sont à vous sont ceux qui réunissent les deux conditions d’être sur pied et d’être non vendus. À cet égard vous a-t-on fait quelque tort, dites-le moi : je vous ferai rendre justice sur-le-champ. Comment ne sentez-vous pas que vous faites pitié quand vous me menacez d’en parlera la cour, et peut-être même au roi, qui ne songe point à cela, comme vous l’avez très-bien dit ailleurs[1].

Au reste, si, aux termes de notre marché, vous pouvez vous faire adjuger les bois exploités avant le marché, je vous le conseille fort. Je laisserai prononcer les juges ; c’est leur affaire. C’est très-hors de propos que vous insistez sur le crédit que vous dites que j’ai dans les tribunaux. Je ne sais ce que c’est que de crédit en pareil cas, et encore moins ce que c’est que d’en faire usage. Il ne convient pas de parler ainsi : soyez assez sage à l’avenir pour ne rien dire de pareil à un magistrat.

Vous voyez, monsieur, que je suis encore assez de vos amis pour faire, en marge de votre lettre, une réponse longue et détaillée à une lettre qui n’en méritait point. Tenez-vous pour dit de ne m’écrire plus ni sur cette matière, ni surtout de ce ton.

Je vous fais, monsieur, le souhait de Perse : Mens sana in corpore sano.


4729. — DE M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[2].
Octobre 1761.

Je prends une part infinie, monsieur, à tout ce qui vous regarde, et suis véritablement fâché de voir votre repos troublé par une bagatelle. Les petites

  1. Va, le roi n’a point lu ton discours ennuyeux :
    Il a trop peu de temps et trop de soins à prendre !

    (La Vanité, satire de Voltaire contre Pompignan.)
  2. Éditeur, Th. Foisset.