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CORRESPONDANCE




4794. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
Aux Délices, 4 janvier.

Vous m’avez écrit des vers charmants, mon cher confrère en Apollon. Je ne compte pas sur la gloire dont vous me bercez, mais bien sur les plaisirs, puisque j’ai tous ceux qui conviennent à mon âge. Je bénis la vieillesse et la retraite ; elles m’ont rendu heureux.


Cette gloire, que vainement
Dans ses écrits on se propose,
On sait très-bien que c’est du vent ;
Mais les plaisirs sont quelque chose.


C’en est un très-grand surtout d’étre un peu aimé de vous. Pourquoi ne m’avez-vous rien dit de l’honneur que nous avons d’être Castillans, Napolitains, Parmesans ?

Il me semble que ce traité peut faire honneur à M. le duc de Choiseul. Vous savez combien je suis attaché à tout ce qui porte ce nom.


4795. — À MADAME DE FONTAINE.
4 janvier 1762.

Enfin donc, ma chère nièce, je reçois une lettre de vous ; mais je vois que vous n’êtes pas dévote, et je tremble pour votre salut. J’avais cru qu’une religieuse, un confesseur, un pénitent, une tourière, pourraient toucher des âmes timorées. Les mystères sacrés sont en grande partie l’origine de notre sainte religion : les âmes dévotes se prêtent volontiers à ces beaux usages. Il n’y a ni religieuse, ni femme, ni fille à marier, qui ne se plaise à voir un amant se purifier pour être plus digne de sa maîtresse.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.