Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/16

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Clairon Statira ! c’était ma première pensée. Mes premières idées sont excellentes.

Monsieur le comte de Choiseul, quand tous n’aurez rien à faire, daignez donc vous informer si le roi mon maître a été proposé jadis à Élisabeth l’autocratrice.

Le roi de Prusse a une descente : les flatteurs disent que c’est la descente de Mars ; mais elle n’est que de boyaux, et il ne peut plus monter acheval. Il est comme nous ; il n’a plus de Colbert[1], à ce que disent les mauvais plaisants.

Mais, monsieur le comte de Choiseul, dites donc à l’Espagne qu’elle envoie cinquante vaisseaux à notre secours. Que voulez-vous que nous fassions avec des compliments ?

Gardez-vous d’avoir jamais affaire aux Russes.

Je n’ai point entendu parler de Lekain ; mais son affaire est faite[2].

Je baise bien tendrement le bout de vos ailes.


4799. — À M. DAMILAVILLE.
9 janvier.

Vraiment, mes chers frères, j’apprends de belles nouvelles ! Frère Thieriot reste indolemment au coin de son feu, et on va jouer le Droit du Seigneur tout mutilé, tout altéré, et ce qui était plaisant ne le sera plus ; et la pièce sera froide, et elle sera sifflée ; et frère Thieriot en sera pour sa mine de fèves. Un autre inconvénient qui n’est pas moins à craindre, c’est qu’on ne prenne votre frère pour le sieur Picardec, de l’Académie de Dijon ; alors il n’y aurait plus d’espérance, et tout serait perdu sans ressource. Je demande deux choses très-importantes : la première, c’est qu’on m’envoie la pièce telle qu’on la jouera ; la seconde, qu’on jure à tort et à travers que je n’ai nulle part à cet ouvrage : mon nom est trop dangereux, il réveille les cabales. Il n’y en a point encore de formée contre M. Picardec, et M. Picardec doit répondre de tout.

Mes chers frères, intérim estote fortes in Lucretio[3] et in philosophia.

J’espère que je contribuerai, avec les états de Bourgogne

  1. La ville de Colberg, appartenante au roi de Prusse, s’était rendue aux Russes le 16 décembre 1761.
  2. C’était probablement quelque congé qui lui avait été accordé. (B.)
  3. La première épître de saint Pierre, chapitre v, verset 9, dit : « Fortes in fide. »