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4950. — À M. DE VOSGE.
Aux Délices, 3 juillet[1].

J’ai reçu, monsieur, vos trois beaux dessins d’Attila, de Sophonisbe, et de la Toison d’or. Vous relevez par votre art des pièces où Corneille oublia un peu le sien.

Je crois avoir envoyé à M. de La Marche le dessin de Pompée : il me semble que Cornélie baissait les yeux, et que vous avez envie de la représenter les levant au ciel, et tenant l’urne à la main. Jamais la passion ne peut se peindre dans des yeux baissés : cela est modeste, mais cela n’est pas tragique. Je suis sûr que, avec ce changement, vous ferez un chef-d’œuvre de votre Cornélie.

Dès que nous aurons six dessins, les libraires les donneront aux graveurs. On aura soin, monsieur, de vous envoyer leurs premières esquisses, sur lesquelles vous donnerez vos ordres.

Je suis très-sensible à l’honneur que vous me faites, et suis parfaitement, monsieur, votre très-humble, etc.


4951. — À M. LAVAYSSE PÈRE.
4 juillet.

Les personnes qui protègent à Paris la famille Calas sont très-étonnées que le sieur Gobert-Lavaysse[2] ne fasse pas cause commune avec elles. Non-seulement il a son honneur à soutenir, ses fers à venger, le rapporteur, qui conclut au bannissement, à confondre ; mais il doit la vérité au public, et son secours à l’innocence. Le père se couvrirait d’une gloire immortelle s’il quittait une ville superstitieuse et un tribunal ignorant et barbare.

Un avocat savant et estimé est certainement au-dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d’argent le droit d’être injustes ; un tel avocat serait un excellent conseiller ; mais où est le conseiller qui serait un bon avocat ?

M. Lavaysse peut être sûr que s’il perd quelque chose à son déplacement, il le retrouvera au décuple. On répand que plusieurs princes d’Allemagne, plusieurs personnes de France, d’Angleterre, et de Hollande, vont faire un fonds très-considé-

  1. Beuchot a classé cette lettre à l’année 1761.
  2. Ou mieux Gaubert-Lavaysse.