Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/197

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Nous avons ici Pierre Calas ; je l’ai interrogé pendant quatre heures ; je frémis et je pleure ; mais il faut agir.

Je vous embrasse tendrement. Votre très-humble obéissant serviteur.


4982. — DU CARDINAL DE BERNIS.
À Vic-sur-Aisne, le 26 juillet.

Vous ferez de moi la mouche du coche ; vous voulez bien déférer à mes conseils, et vous me prouvez qu’ils sont bons, par les corrections heureuses que vous faites. Le nouveau langage de Statira met dans son rôle toute la dignité et la convenance nécessaires ; d’ailleurs les vers sont beaux, et s’imprimeront aisément dans la mémoire du lecteur et du spectateur ; en un mot, vous êtes admirable par la grandeur du talent et la facilité du génie. Mais ce que j’aime encore mieux, vous êtes aimable, et je suis tout glorieux d’être votre confrère, et le confident de vos ouvrages. Qui est-ce qui vous a dit que je voulais être archevêque ? Mes amis du clergé le désirent ; en général on pense que cela serait convenable : pour moi, je n’aspire qu’à me bien porter et à vivre avec mes amis. Depuis que j’ai pris le cuisinier de Pythagore, ma santé se rétablit, et ce visage rond dont vous parlez reprend son coloris naturel. À l’égard de Paris, je ne désire d’y habiter que lorsque la conversation y sera meilleure, moins passionnée, moins politique. Vous avez vu, de notre temps, que toutes les femmes avaient leur bel esprit, ensuite leur géomètre, puis leur abbé Nollet ; aujourd’hui, on prétend qu’elles ont toutes leur homme d’État, leur politique, leur agriculteur, leur duc de Sully. Vous sentez combien tout cela est ennuyeux et inutile : ainsi, j’attends sans impatience que la bonne compagnie reprenne ses anciens droits, car je me trouverais fort déplacé au milieu de tous ces petits Machiavels modernes. À l’égard de mes revenus, n’en croyez pas à l’Almanach royal, lequel, dans le passage de 1758 à 1759, augmenta mes revenus de quarante mille francs. Mes dettes payées, j’aurai quatre-vingt mille livres de rente : c’est beaucoup pour un cadet de Languedoc ; ce n’est pas trop pour un cardinal, qui est obligé d’avoir un état. Voilà la vérité exacte. Au reste je suis content et fort heureux quand je me porte bien, et que je reçois vos jolies lettres ; elles me consolent des malheurs et des platitudes. Adieu, mon cher confrère ; vous sentez bien qu’il est impossible que je me défende de vous aimer de tout mon cœur.


4983. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Schwetzingen, ce 28 juillet.

Je ne puis vous exprimer combien votre famille d’Alexandre m’a fait plaisir, monsieur ; j’aurais voulu attendre la représentation pour vous mar-