Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/212

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une affaire aussi grave et aussi importante. Il faut que M. de Végobre fasse les plus grands efforts pour empêcher ce livre de pénétrer en France. J’écris de mon côté et je fais écrire à Lausanne. L’auteur doit absolument supprimer le débit de son livre jusqu’à ce que nous ayons un arrêt qui condamne entièrement celui du parlement de Toulouse.

Est-il possible qu’on veuille gâter une affaire qui est en si bon train, et rendre toutes nos peines inutiles ?

Voici une petite réponse que je fais à Mme  Calas.

Je prie M. Debrus d’avoir grand soin de sa santé.

Je crois que M. de Gouvernet est rarement chez lui, et qu’on ne peut le trouver que chez sa femme, qui loge dans la rue Condé ou dans la rue voisine qui conduit au Luxembourg ; elle n’est connue que sous le nom de Mme  de Livry, attendu que nous ne marions point les maudits huguenots, en face de l’Église, avec les bénits catholiques[1].


4998. — À M.  LE DOCTEUR TRONCHIN[2].

On voit bien que notre Esculape est le fils aîné d’Apollon. Toutes ses réflexions me paraissent très-justes.

Je suppose qu’il a lu le savant exposé de révérend Donat Calas, théologien très-profond, tel qu’il était d’abord. Je l’ai extrêmement adouci ; je fais parler Donat en homme qui répète avec timidité ce que ses maîtres ont appris, et qui ne demande qu’à être mieux instruit. Ce tour me paraît très-naturel ; il faut qu’un protestant parle en protestant, mais qu’il ne révolte pas les catholiques.

Il me paraît que, loin d’animer les dévots contre lui, il les

  1. Suzanne-Catherine de Livry est très-connue par ses relations intimes avec Voltaire, qui lui adressa plus tard l’épître fameuse intitulée les Tu et les Vous, quand, après une vie assez aventureuse, elle eut épousé en Angleterre un protestant, Charles-Frédéric de La Tour du Pin de Bourbon, marquis de Gouvernet. Ce mariage était nul en France. Mme  de Livry, née comme Voltaire en 1694, mourut comme lui en 1778.

    La famille de La Tour du Pin descend d’un huguenot qui fut un des principaux lieutenants de Montbrun et de Lesdiguières, René de La Tour du Pin Gouvernet, né en 1543.

    En 1685, au moment de la révocation de l’édit de Nantes, une marquise de Gouvernet obtint la permission d’aller en Angleterre, où une de ses filles était mariée, mais à condition de laisser ses autres enfants en France. Elle avait trois fils ; ce ne peut être que son petit-fils qui épousa Mme  de Livry. (Note du premier éditeur.)

  2. Éditeurs, de Cayrol et François.