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Je rabote encore un peu Olympie : on n’a jamais fait avec une tragédie. Point de nouvelles encore du factum de Mariette.

Je vous assure qu’Olympie forme un beau spectacle. Tenez, voilà le plan des décorations et du bûcber de Manheim ; amusez-vous de cela, et conservez-moi vos bontés. Pour peu que j’aie de tête et de loisir, je reprendrai Œdipe en sous-œuvre.


5045. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
Au château de Ferney, 23 septembre.

Mes divins anges, je dois d’abord vous dire combien j’ai été frappé du Mémoire de M. de Beaumont. Il me semble que chaque ligne porte la conviction avec elle. Je lui en ai fait mon compliment. Je crois qu’il est impossible que les juges résistent à la vérité et à l’éloquence.

Voici une autre affaire dont les objets peuvent être plus importants, quoique moins tragiques. C’est à M. le comte de Choiseul à voir s’il trouvera mon idée praticable ; je la soumets à ses lumières et à sa prudence. Le secrétaire de l’ambassade anglaise est, comme vous savez, l’âme unique de cette négociation, et elle peut avoir quelques épines. Ce secrétaire a un beau-frère et un ami dans un homme de la famille des Tronchin.

Vous n’ignorez pas combien cette famille est attachée à la France. Celui dont je vous parle y a tout son bien ; il est fils d’un premier syndic de Genève, homme d’esprit et de probité, comme tous les Tronchin le sont ; très-capable de rendre des services avec autant d’honneur que de zèle. Son beau-frère a en lui une entière confiance. Peut-être n’y a-t-il pas de moyen plus sûr et plus honnête d’aplanir les difficultés qui pourront survenir, et de faire agréer les insinuations contre lesquelles on serait en garde si elles venaient de la part du ministère de France, et qu’on recevrait avec moins de défiance si elles étaient inspirées par un parent et par un ami. Je peux vous répondre que M. Tronchin servira la France avec le plus grand empressement, sans manquer en rien à ce qu’il doit à son beau-frère. Je n’imagine pas que M. le comte de Choiseul puisse jamais trouver une personne plus capable de répondre à ses vues pacifiques et généreuses, et plus digne de toute sa confiance dans une négociation si importante.

C’est une idée qui m’est venue, et qui peut-être mérite d’être approfondie et suivie. Mon suffrage est bien peu de chose ; mais