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Je me défie des livres qui annoncent quelque chose de parfait. Cela n’est bon que pour le Parfait Maréchal et pour le Parfait Confiturier.

Cependant faites-moi l’amitié de m’envoyer toujours cet Accord parfait.

J’ai l’honneur de vous renvoyer les livres que vous avez eu la bonté de me prêter.

Je vous souhaite, monsieur, au commencement de cette année, toute la félicité que vous méritez.


5121. — À M.  DAMILAVILLE.
À Ferney, 2 janvier.

J’ai reçu, mon très-cher frère, le petit chapitre concernant l’Encyclopédie ; et j’ai retranché[1] sur-le-champ le petit article où je combattais les droits du parlement, quoique je sois bien persuadé que le parlement n’a aucun droit sur les privilèges du sceau ; mais je ne veux point compromettre mes frères. Je sais fort bien que quand on s’avise de prendre le parti de l’autorité royale contre messieurs, messieurs vous brûlent, et le roi en rit. D’ailleurs, dans le petit chapitre des billets de confession et des querelles parlementaires et épiscopales[2], j’ai dit assez rondement la vérité. J’ai peint les uns et les autres tout aussi ridicules qu’ils étaient, sans pourtant y mettre de caricature.

J’ai une envie extrême de lire un mémoire que M. Loyseau fit, il y a quelques années, pour Mlle  Allyot de Lorraine. J’ai connu cette demoiselle à Lunéville, et le style de M. Loyseau augmente ma curiosité. Je demande en grâce à mon frère de m’obtenir cette grâce de M. Loyseau.

J’attends la Population[3] de M. de Beaumont. Ce livre sera sans doute ma condamnation. Je n’ai point peuplé, et j’en demande pardon à Dieu. Mais aussi la vie est-elle toujours quelque chose de si plaisant qu’il faille se repentir de ne l’avoir pas donnée à d’autres ?

Nous touchons, je crois, à la décision du conseil sur l’affaire

  1. Voyez la lettre 5103 ; ce chapitre, placé tome XXIV, page 469, ne contient en effet rien de relatif aux droits du parlement sur les privilèges du sceau.
  2. Aujourd’hui le chapitre xxxvi du Précis du Siècle de Louis XV ; voyez tome XV, page 376.
  3. C’était un Mémoire ou Discours dont Voltaire parle dans sa lettre à Élie de Beaumont, du 21 janvier.