Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/415

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Vous faites bien de l’honneur à Jean-Jacques de réfuter son ridicule paradoxe[1] qu’il faut exclure l’histoire de l’éducation des enfants ; mais vous rendez bien justice à M. Clairaut, en recommandant ses Éléments de Géométrie, qui sont trop négligés par les maîtres, et qui mèneraient les enfants par la route que la nature a indiquée elle-même. Il n’y aura point de père de famille qui ne regarde votre livre comme le meuble le plus nécessaire de sa maison, et il servira de règle à tous ceux qui se mêleront d’enseigner. Vous vous élevez partout au-dessus de votre matière. Je ne sais pas pourquoi vous mettez le livre de M. Vattel[2] au rang des livres nécessaires. Je n’avais regardé son livre que comme une copie assez médiocre, et vous me le ferez relire.

Je m’en tiens, pour la religion, à ce que vous dites avec l’abbé Gédoin, et même à ce que vous ne dites pas. La religion la plus simple et la plus sensiblement fondée sur la loi naturelle est sans doute la meilleure.

Je vous rends compte, monsieur, avec autant de bonne foi que de reconnaissance, de l’impression que votre Mémoire m’a faite. À présent, que m’ordonnez-vous ? voulez-vous que je vous renvoie le manuscrit ? voulez-vous me permettre qu’on l’imprime dans les pays étrangers ? J’obéirai exactement à vos ordres. Votre confiance m’honore autant qu’elle m’est chère.

Je ne suis point du tout de votre avis sur le style ; je trouve qu’il est ce qu’il doit être, convenable à votre place et à la matière que vous traitez. Malheur à ceux qui cherchent des phrases et de l’esprit, et qui veulent éblouir par des épigrammes quand il faut être solide !

Ne mettez-vous pas en titre les matières que vous avez mises en marge ? Cela délasse les yeux et repose l’esprit.

Je suis bien faible, bien vieux, bien malade ; mais je défie qu’on soit plus sensible à votre mérite que moi. Je ne peux vous exprimer avec combien de respect et d’estime j’ai l’honneur d’être, etc.


5208. — À M. DEBRUS[3].

Comptez, mon cher monsieur, sur une pleine victoire. MM. les ducs de Choiseul et de Praslin, M. de Courteilles, et d’autres

  1. Émile, livre II.
  2. Le Droit des gens, 1758, deux volumes in-4o. Emer de Vattel, né dans la principauté de Neufchâtel en 1714, est mort le 20 décembre 1769.
  3. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe.