Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/417

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miennes ne valent pas mieux ; je les brûlerais toutes si je pouvais, et cependant j’ai encore la sottise d’en faire, comme le président Lubert jouait du violon à soixante-dix ans, quoiqu’il en jouât fort mal, et qu’il fut cependant le meilleur violon du parlement.

Savez-vous la musique ? Tenez, voilà ce qu’on m’envoie : je vous le confie ; mais ne me trahissez pas[1].

Vous embrassez Mme  Denis : eh bien ! elle vous embrasse aussi ; mais elle est bien malade. Je lui lirai votre discours dès qu’elle se portera mieux. J’ai envie de vous faire une niche, de copier tout ce que vous me dites de Mme  la duchesse de Grammont, et de le lui envoyer. Je n’ai l’honneur de la connaître que par ses lettres, où il n’y a jamais rien de trop ni de trop peu, et dont chaque mot marque une âme noble et bienfaisante. Je lui ai beaucoup d’obligation : elle a été la première et la plus généreuse protectrice de Mlle  Corneille. Il s’est trouvé heureusement que Mlle  Corneille en était digne ; c’est la naïveté, l’enfance, la vérité, la vertu même. Je rends grâce à Fontenelle de n’avoir pas voulu connaître cette enfant-là.

Mon cher confrère, je ne souhaite plus qu’une chose : c’est que vous soyez bien malade, que vous ayez besoin de Tronchin, et que vous veniez nous voir. Je vous embrasse de tout mon cœur, et en vérité je vous aime de même. Je vise à être un peu aveugle. Dieu me punit d’avoir été quelquefois malin ; mais vous me donnerez l’absolution.


5210. — À M.  DE BRUS[2].

Je vous envoie, monsieur, la lettre que j’écris à M. de Correvon, à Lausanne[3]. Plus j’y pense, moins je vois d’autre parti à prendre. Je vous supplie de la communiquer à M. de Végobre et à M. de Moultou. Elle ne partira que mardi, et vous pourrez me la renvoyer demain lundi.

Je vous embrasse de tout mon cœur. Il me semble que le succès de notre affaire vous a rendu la santé.

  1. La musique de l’hymne sur Pompignan ; voyez tome X, page 569.
  2. Éditeur, A. Coquerel.
  3. Seigneur de Correvon.

    — Peut-être s’agit-il de la rectification que Voltaire voulait faire paraître dans la Gazette de Berne. Voyez ci-dessus, lettre 5208.