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5215. — À M.  MARMONTEL[1].
2 mars.

M. de Radonvilliers[2], soit ; mais il faut absolument, mon cher frère, que vous ayez la place suivante, et que frère Diderot soit ensuite des nôtres.

Votre Poétique sera une nouvelle clef qui vous ouvrira toutes les portes. J’ai toujours été fâché qu’un vil coquin comme Fréron vous ait fait abandonner la poésie. N’oubliez pas de peindre, je vous prie, ces misérables Zoïles qui se mêlent de juger ce qu’ils n’entendent point.

L’aventure de M. Carpot et des lettres patentes est délicieuse, et vaut encore mieux, s’il est possible, que le sermon prêché à Pompignan. Mme  Denis en a bien ri, toute malade qu’elle est depuis un mois.

Tout ce qui est à Ferney vous embrasse de tout son cœur.

N. B. Est-il vrai que La Popelinière a eu l’avantage de mourir cocu ?


5216. — À M.  PIERRE ROUSSEAU[3].
À Ferney, 2 mars.

Je n’ai jamais conçu, monsieur, comment vous vous étiez fait esclave, pouvant être libre. Votre Journal avait une grande réputation ; vous y auriez travaillé dans le château de Ferney beaucoup plus facilement qu’ailleurs, étant à un pas d’une ville de commerce, et pouvant établir toutes vos correspondances sans demander permission à personne. Malheureusement j’ai prêté cette habitation pour une année. Je ne vous conseille pas d’aigrir M. le duc de Bouillon ; si je peux vous servir auprès de lui, dites-moi précisément ce que vous lui demandez ; prescrivez-moi aussi ce que je dois écrire à M. l’abbé Coyer : vous serez servi sur-le-champ. Vous me mandâtes, il y a quelque temps, que je vous avais écrit à Bouillon ; cela m’étonna beaucoup. Il faut que ce soit quelqu’un qui ait pris mon nom, car il me semble qu’il y a plus de quatre mois que je ne vous ai adressé de lettre dans ce

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Ancien précepteur du dauphin, esprit fort médiocre, qui fut en effet élu par l’Académie. (A. F.)
  3. L’original est à Bruxelles, Bibliothèque royale, mst 11,582 ; il est daté du 2 mars, et non du 7. (Note de M. F. Brunetière.)