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5228. — À M.  DAMILAVILLE.
Le 11 mars.

C’est donc lundi passé, 7 du mois, que tout le conseil d’État assemblé a écouté M. de Crosne. Je ne sais pas encore ce qui aura été résolu, mais j’ai encore assez bonne opinion des hommes pour croire que les premières têtes de l’État n’auront pas été de l’avis des huit juges de Toulouse. Ces huit indignes juges ont servi la philosophie plus qu’ils ne pensent. Dieu et les philosophes savent tirer le bien des plus grands maux.

Que dites-vous de l’aventure de notre nouveau Corneille ? C’est un véritable coup de théâtre. Que dit frère Thieriot l’apathique ? Vous réjouissez-vous à m’envoyer des Pompignades ? On rit beaucoup à Versailles de la conversation du roi avec le marquis Simon Lefranc. On en aurait ri sous Louis XI : comment voulez-vous qu’on ne se tienne pas les côtes sous Louis XV, le plus indulgent et le plus aimable des souverains ?

J’embrasse tendrement mon frère et mes frères. Ècr. Vinf…

P. S. Je vois par votre lettre qu’il faudra encore quelques cartons à l’Essai sur les Mœurs ; rien n’est si difficile à dire aux hommes que la vérité[1].


5229. — À M.  RIBOTTE[2].
Aux Délices, 12 mars 1763.

Mardi 1er mars, le bureau des cassations jugea la requête des Calas admissible.

Lundi 7 mars, les deux semestres du conseil d’État assemblés, le chancelier y présidant, tous les ministres d’État y assistant, il a été ordonné d’une voix entièrement unanime, et approuvée par le roi, que le parlement de Toulouse enverrait toute la procédure au conseil ; de plus, qu’il serait tenu d’envoyer les motifs de son jugement.

Cette assemblée du conseil d’État du roi à Versailles vaut bien celle de la basoche à Toulouse.

  1. Une lettre de La Chalotais à Voltaire, du 11 mars 1763, est ainsi désignée dans un catalogue d’autographes : « Superbe lettre où il le remercie de l’avoir encouragé dans ses travaux. « La Société (des jésuites) penche vers sa fin. C’est le sort du fanatisme de tomber tout d’un coup dès qu’il est dévoilé. Je me sais bon gré de lui avoir porté quelques coups. »
  2. Bulletin de la Société de l’Histoire du protestantisme français ; Paris, 1856, page 243.