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5243. — À M.  DEBRUS[1].

Mes yeux et ma personne vont fort mal, mon cher monsieur. Mme  Denis est malade, nous sommes tous dans la souffrance. La mienne redouble quand je vois ce rapport si attendu se différer tous les jours ; et j’avoue que j’aurais de vives alarmes si je n’étais rassuré par la lettre de M.  de Crosne.

Si vous faites venir la servante à Lyon, je vous prie, monsieur, de vouloir bien lui faire toucher quatre louis d’or à Lyon pour l’aider dans son voyage. M.  Cathala vous les remboursera à votre ordre.

Je me suis chargé, comme vous savez, d’un petit honoraire pour M.  Mariette ; les deux autres avocats ne veulent rien ; je leur ferai présent de quelques livres à leur usage.

Il sera bien difficile de placer Louis ; il me parait qu’il n’a pas joué un beau rôle dans toute cette affaire. Il devait venir à Paris à pied, au secours de sa mère.

Je voudrais que vous eussiez la bonté de demander à M.  Dumas s’il connaît M.  le marquis de Gouvernet. Vous savez peut-être qu’il a le malheur d’être huguenot, mais il pourrait nous être fort utile ; il y a de fort honnêtes gens dans cette secte diabolique.


5244. — À M.  LE CONSEILLER LE BAULT[2].
Aux Délices, 23 mars 1763.

Vous faites de moi, monsieur, un petit Noé. Grâces à vos bontés je plante des vignes dans ma vieillesse. Si je ne bois pas du vin qu’elles produiront, ceux qui viendront après moi le boiront à ma santé. Agréez, je vous prie, mes très-humbles remerciements.

Je crois que vous avez à présent plus d’une affaire ; vous devez être surchargé. Les jésuites vont surtout vous occuper : vous ne pourrez guère vous dispenser de leur donner un habit court, et d’en faire des citoyens ; mais après tout, ils ne font point de marché pour bâtir des palais de dix-sept cent mille livres, comme dom L’enfant trouvé. On lapide aujourd’hui les fils de Loyola avec les pierres de Port-Royal. Ils ont été persécu-

  1. Éditeur, A Coquerel.
  2. Éditeur, de Mandat-Grancey. — Cette lettre est signée seulement de Voltaire, qui l’a dictée.